Les limousines de Jacques-Pierre et Mauritz Quaak, aux Chaumes-en-Brie, en Seine-et-Marne, sont très disciplinées depuis qu’elles testent les clôtures virtuelles (1). Cet automne, une dizaine d’entre elles (avec des veaux) a pâturé les repousses de blé sans aucune clôture visible autour d’elles grâce aux colliers GPS dont elles sont équipées (2).

« C’est un rêve en termes de besoin en main-d’œuvre, déclare Jacques-Pierre. Nous construisons la parcelle sur le smartphone grâce à l’appli du fournisseur de matériel Nofence. »

Dès qu’un animal s’approche de la limite (3 m), leur collier produit un petit sifflement. Plus il s’approche plus le son est aigu et désagréable. S’il franchit la limite, il reçoit une décharge électrique. Lorsqu’il revient sur ses pas pour retrouver ses congénères, ce passage en sens inverse n’est pas sanctionné par une nouvelle décharge. La plupart du temps, l’animal revient seul dans le troupeau mais l’éleveur est toujours alerté par un SMS. Les sorties sont exceptionnelles.

« L’apprentissage est rapide, souligne Jacques-Pierre. Il demande quelques jours. » À la surprise des exploitants, les veaux sont les plus « obéissants ». Mieux vaut toutefois éviter de construire des parcelles en pointe ou de créer des couloirs trop étroits afin que les vaches puissent repérer les limites. Autrement dit, l’outil n’est pas adapté à la contention.

Une saison d’autonomie

Les colliers sont munis d’une batterie se rechargeant via des capteurs solaires, ce qui les rend autonomes pour la saison de pâturage. Leur niveau de charge reste contrôlable sur l’application. « Nos parcelles sont éloignées des voies à grande circulation, précise l’agriculteur. Si ce n’était pas le cas, nous poserions une clôture mobile le long de la route pour nous rassurer, mais j’ai peu d’appréhension, le système est fiable tant que le lien avec le satellite fonctionne. »

Les exploitants envisagent d’acheter quelques chèvres et brebis et de les équiper de collier. Le but est de valoriser avec les vaches la ressource diversifiée d’une parcelle de 8 ha (à l’abandon) qu’ils viennent de reprendre. « L’outil est doté d’un accéléromètre qui peut nous aider à mieux comprendre comment “fonctionne” le pâturage mixte », explique Jacques-Pierre. Il offre aussi de multiples perspectives allant du pâturage des surfaces d’intérêt écologique (SIE), tout en évitant le broyage, à la valorisation des espaces communaux.

M.-F. M.

(1) Dans le cadre des innovations mises en place par les chambres d’agriculture d’Île-de-France.

(2) Lire aussi La France agricole n° 3824 du 8 novembre 2019.