Produire des jeunes bovins BPH (Bœuf Prim’herbe) pour Carrefour offre quelques pistes pour conforter son revenu. Cette démarche est réservée aux femelles et aux mâles castrés de race à viande ou croisée, mais surtout aux femelles (1).

« C’est l’un des seuls produits d’élevage dont on connaît le prix de vente à l’entrée à l’engraissement », souligne Pascal Kardacz, responsable technique chez Lorca Élevage (lire l’encadré ci-contre). Cette caractéristique attrayante s’accompagne d’une conduite technique exigeante. L’enseigne impose un cahier des charges strict en lien avec les attentes des consommateurs. L’alimentation, en particulier, doit englober au moins 35 % d’herbe.

Des fourrages de qualité

« Tous les types de ration à base d’enrubannage de prairie permanente ou temporaire ou de luzerne peuvent faire l’affaire, à partir du moment où la qualité est au rendez-vous », explique Didier Deleau, responsable fourrages à la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse. La densité énergétique de la ration doit être d’au moins 0,85 UFV/kg de matière sèche. Le mélange peut englober une part d’ensilage de maïs. Dans ce cas, la densité protéique de la ration doit atteindre au moins 95 g de PDI/UFV. L’ambition est de viser une croissance minimum de 1 200 g par jour d’engraissement.

Des pesées obligatoires

Autre contrainte du cahier des charges, tous les aliments doivent être français, non OGM, et la proportion d’aliments composés du commerce à l’obligation de ne pas excéder 10 %. « Le tourteau de colza n’est pas un aliment composé et convient parfaitement pour rééquilibrer la ration », précise Pascal Kardacz. Aussi, Carrefour demande impérativement une supplémentation en vitamine E et en sélénium pour une bonne qualité des carcasses.

« Cette démarche BPH est destinée aux génisses intermédiaires », rapporte Hugues Chauveau, d’Arvalis. Elle vise celles dont le GMQ (gain moyen quotidien) a atteint au moins 900 g par jour pendant la période naissance-sevrage.

La phase de finition, de quatre mois minimum, est aussi ponctuée de pesées régulières obligatoires (à 100 j et 170 j). « Ce point avait été accueilli fraîchement par les éleveurs lors de la présentation du dispositif, néanmoins c’est une pratique qu’ils ne regrettent pas aujourd’hui puisqu’ils l’ont généralisée aux autres lots », observe Pascal Kardacz. La pesée régulière est un moyen pour ajuster la ration en cours de finition ou de recaler un animal qui serait trop à la traîne. « Les résultats permettent aussi de réguler les sorties », ajoute-t-il. Le but étant d’obtenir des poids de carcasse de 270 à 330 kg à l’abattage (avant l’âge de 18 mois).

À noter qu’à partir du 1er janvier 2022, les exigences de performances sont relevées car la fourchette des poids de carcasse requise sera de 290 à 350 kg. D’où l’importance du suivi des performances et de la qualité des fourrages. D’autant que les écarts de rendement de carcasse sont importants d’un animal à l’autre. Sur un lot de 20 génisses charolaises engraissées sur la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre, celui-ci varie de 51 à 57 % !

Enfin, le bon résultat de la conduite BPH concerne le taux d’animaux non éligibles qui avoisine 7 %, « un niveau deux fois moins élevé que les autres filières », indique Pascal Kardacz. Marie-France Malterre

(1) Lire aussi La France agricole n° 3879 du 27 novembre 2020, page 42.