du ministère de l’Agriculture, le 22 octobre 2021.
L’étude porte sur le revenu des agriculteurs français en termes de composition, de niveau, de dispersion, d’évolution et de répartition sur une période longue, de 1988 à 2016.
Un revenu qui progresse peu depuis 1988
Le document met en avant que « la productivité du travail semble ainsi avoir été le principal moteur du développement des élevages de bovins et de petits ruminants français, ce qui a permis de maintenir le résultat économique par exploitant, malgré une tendance à la baisse de la profitabilité des exploitations ».
La productivité du travail a progressé de 3 % pour ces élevages, alors que les progrès techniques s’érodent et les résultats courants par travailleur non salarié progressent peu, selon le document.
- En bovins à viande, en moyenne sur 28 ans et en euros constants, le résultat courant avant impôts par travailleur non salarié (RCAI/UTA non salariée) est de 20 300 €. Il a augmenté de 0,36 % par an « grâce à la croissance de la productivité du travail ». Il s’érode depuis 2006, avec « le découplage et la modulation des aides, ainsi que la forte augmentation et la volatilité du prix de l’aliment du bétail ».
- En bovins à lait, le RCAI/UTA non salariée moyen est de 21 600 € sur la période. Il augmente de 0,41 % par an, du fait des gains de productivité du travail. Avant 2006, les gains de productivité ont compensé les baisses de prix. Avec la sortie des quotas et la crise de 2009, le revenu a chuté.
- Les élevages de petits ruminants affichent un RCAI/UTA non salariée moyen de 16 200 €. Ce résultat est le plus faible des systèmes étudiés. Il a augmenté de 1,21 %, « mais ils partaient de très bas ». Le facteur principal de cette progression est la « réorientation des aides en 2009 vers les secteurs fragiles ».
L’étude montre aussi que sur la période étudiée, les élevages laitiers ont obtenu des gains d’efficience technique : « une augmentation de 1 € du volume des intrants utilisés générant une augmentation du volume des produits de 1,19 € », alors que les élevages de bovins à viande ont vu leur efficience technique baisser : « Chaque euro supplémentaire en volume des intrants utilisés générant une augmentation du volume des produits de 0,88 € seulement. »
Des gains captés par l’aval
Mais les gains de productivité globaux (travail, techniques, aides) ne bénéficient pas toujours aux éleveurs, relève l’étude.
- En bovins à viande, le « surplus économique » résultant des gains de productivité (sur la période allant de 1988 à 2016) provient à 95 % des aides publiques attribuées et à 5 % de la baisse du prix des fermages. Les acteurs de l’aval des filières ont capté à 67 % ces gains, « sous forme de baisse des prix d’achat des produits agricoles ». 25 % du surplus a financé « la baisse d’efficience technique des exploitations » liée à l’augmentation continue de la productivité du travail qui a obligé les éleveurs à simplifier leurs pratiques d’élevage, « avec un recours accru à l’alimentation concentrée achetée et à la mécanisation, sans réelle augmentation de la productivité animale », détaille le rapport.
- En bovins à lait, le « surplus économique » est issu à 47 % d’une augmentation des aides publiques, à 31 % de gains de productivité globaux (principalement techniques, par la génétique, la qualité des fourrages, la maîtrise de la distribution, les nouvelles technologies, notamment équipements de traite, etc.) et à 20 % d’une baisse du profit des exploitants. 83 % de ces gains ont été captés par l’aval, « sous forme d’une baisse des prix du lait et des autres produits ».
- En petits ruminants, 94 % du « surplus économique » est généré par les aides publiques, dont 54 % captés par l’aval sous forme de baisse de prix et 32 % par les éleveurs eux-mêmes. Ce sont les seuls des trois catégories de producteurs qui voient leurs revenus augmenter sur les 28 ans.