Sur les 6,7 millions d’inséminations artificielles (IA) bovines recensées en 2020, 12 % ont été réalisées directement par les éleveurs.

Le nombre d’inséminations par l’éleveur (IPE) est passé de 200 000 en 2010 à presque 800 000 l’an passé. « Après une évolution plus modérée entre 2016 et 2018, cela fait deux années consécutives que le nombre d’IPE progresse de plus de 60 000 par an », remarque le rapport publié par l’Institut de l’élevage (Idele), le 14 septembre 2021.

Aujourd’hui, 5 394 éleveurs revêtent l’habit d’inséminateur (+ 6 %/2019). « Pour 67 % des élevages qui pratiquent l’IPE, c’est une activité exclusive », souligne le rapport. « Pour les éleveurs avec une activité IPE partielle, cela peut s’expliquer, pour certains, par une transition progressive vers cette pratique », précise Sandra Dominique, de l’Idele.

Recherche d’autonomie

Les entreprises de mise en place effectuent toujours la grande majorité des IA « mais leur activité baisse au profit des IPE », observe l’institut technique. Pour Sandra Dominique, l’IPE répond à divers objectifs d’éleveurs : « La recherche d’autonomie et de fluidité dans l’organi­sation du travail » en premier lieu.

Si le taux de non-retour en IA quatre-vingt-dix jours après l’IA première a tendance à être légèrement meilleur en IPE, « l’argument de la fertilité ne devrait pas être une motivation première », note l’experte.

Aussi, le recours à l’IPE ne rime pas avec changement d’orientation sur les plans d’accouplement. Il n’y a pas de différence notable sur les stratégies de croisement ou sur l’emploi de la semence sexée, que ce soit en IPE ou sur les IA totales pratiquées en 2020.

« Les éleveurs IPE sont plus représentés dans les troupeaux où il se fait plus d’IA premières », révèle l’étude. Les grands troupeaux sont les premiers concernés par la pratique. « Devenir éleveur inséminateur demande un investissement conséquent en début de parcours, dilué avec la taille du cheptel », signale Sandra Dominique. Qui plus est, sur un grand troupeau, « il y a souvent plus de main-d’œuvre disponible. »

Autre caractéristique, plus de 90 % des IPE sont réalisées sur des femelles laitières, et 80 % d’entre elles sont de race prim’holstein.

Rien d’étonnant, car la monte naturelle est plus répandue dans la filière allaitante (78 % des vêlages en France). Les trois quarts des IA en IPE sur vaches allaitantes sont réalisées sur des femelles de race charolaise et limousine.

Concernant les taureaux, les races les plus utilisées sont les prim’holsteins (58 % des IPE totales), suivis des blancs bleus (17 %), des montbéliards (7 %), des charolais (5 %), des limousins (3 %) et des normands (3 %). « Ces races correspondent à celles employées principalement dans les grands troupeaux essentiellement composés de femelles holsteins, informe l’Idele. Le blanc bleu est utilisé en croisement terminal sur ces femelles laitières. »

Alexandra Courty