Si les inquiétudes au sujet des mouvements anti-viande restent bien présentes, « nous avons aujourd’hui la capacité à tenir un argumentaire solide au sein de notre filière face à n’importe quelle association », targue Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’Interbev.

 

À l’occasion d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage le 6 octobre2021 sur la thématique « Comment concilier économie et attentes sociétales en viande bovine », la filière Élevage et Viande a partagé ses avancées dans le cadre de la démarche de responsabilité sociétale baptisée « Aimez la viande, mangez-en mieux ». Elle porte sur les axes de l’environnement, de la protection des animaux, de la juste rémunération des acteurs de la filière et l’attractivité des métiers ainsi que sur une alimentation de qualité, raisonnée et durable.

 

"Avec le #PacteSociétal, la filièrefait le choix de la modernité. Cela se traduit par de nouvelles garanties sociétales (CDC) ainsi que des relations commerciales complètement rénovées (contractualisation)."
E. Bernard, Pdt INTERBEV Bovins
1/4 #SommetElevage pic.twitter.com/UhXCcTZnI6

— Interbev (@Interbev_fr) October 6, 2021

 

 

L’outil BoviWell amené à se déployer dans toutes les fermes

Aujourd’hui, les engagements définis dans le pacte sociétal sont la « grille de lecture de toute la filière, indique Christelle Demont, chef de projet bien-être et protection des animaux à Interbev. En 2021, trois ans après la première évaluation, cette démarche conforte son bon niveau de labellisation « Engagée RSE confirmé » de niveau 3 sur 4 par Afnor. »

 

Sur l’enjeu de la préservation de l’environnement, l’outil Cap’2ER se déploie progressivement dans les campagnes pour atteindre 5 630 diagnostics réalisés dans les élevages bovins à viande en 2020, contre 4 330 en 2018.

 

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Sur le volet bien-être animal, l’interprofession, qui a intégré l’outil BoviWell à son cahier des charges du label rouge, a pour ambition de l’étendre à l’ensemble des exploitations de bovins allaitants d’ici à 2025. « 1 199 diagnostics ont été effectués à la mi-septembre 2021, dénombre Christelle Demont. Parmi les élevages déjà audités, 90 % affichent un niveau au minimum “supérieur” ou “excellent” avec très peu de problèmes détectés. »

 

Sur l’évaluation de la bientraitance animale à l’étape de l’abattage (1), 40 diagnostics ont été réalisés en 2020 et Interbev ambitionne, à terme, de couvrir l’ensemble des abattoirs.

La juste rémunération des producteurs reste la corde sensible

Concernant le pilier de la juste rémunération des acteurs de la filière et l’attractivité des métiers, « la filière a fait le choix de renforcer très largement la contractualisation, avec un objectif de 30 % de transactions sous contrat en 2023 en bovins », évoque Annick Jentzer, responsable de la section bovine à Interbev.

 

En dépit des outils mis à disposition par l’interprofession, force est de constater que le compte n’y est pas. « Si nous voulons maintenir la souveraineté alimentaire en matière de viande bovine sur notre territoire, nous devons être en capacité de fournir en quantité et en qualité, intervient Emmanuel Bernard. Or, on peut avoir tous les critères de durabilité au vert au sein de notre filière, si nous n’avons pas les moyens de produire, l’objectif ne sera pas atteint. »

 

[#SommetElevage]
"Les consommateurs demandent de la qualité, il faut être prêt à y mettre le prix afin que les éleveurs soient justement rémunérés. Les discours doivent se traduire en actes."
Témoignage de Régis Desbordes, éleveur de Limousine #LabelRouge pic.twitter.com/xBxyoAhDhJ

— Interbev (@Interbev_fr) October 6, 2021

 

Les professionnels comptent notamment sur l’adoption prochaine de la proposition de loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs pour accélérer les choses. « Son application impliquera d’ailleurs une révision de l’accord interprofessionnel en viande bovine sous label rouge, notamment concernant la durée des contrats », informe la spécialiste.

« La dynamique du label rouge doit s’accélérer »

Au sujet du label rouge justement, la filière Élevage et Viande a dévoilé ses derniers chiffres. Le label rouge représente aujourd’hui 3,2 % de l’offre viande bovine disponible en grandes et moyennes surfaces (GMS) et en boucheries artisanales.

 

La filière est encore loin des objectifs fixés à 40 % à l’horizon de 2023. C’est pourquoi « la dynamique est engagée mais doit s’accélérer », poursuit Annick Jentzer. Au 30 juin 2021, 16 430 éleveurs sont habilités, toutes les races, en hausse de 7 % par rapport au début de 2020.

 

« Les volumes commercialisés ont progressé de 13 % entre 2020 par rapport à 2019 et s’inscrivent dans la même dynamique (+13 %) au premier semestre de 2021 », ajoute l’experte. La viande de bœuf sous label rouge est commercialisée dans 1 987 points de vente engagés au 30 juin 2021, avec rayons traditionnels (GMS et artisans bouchers), soit une conversion de 455 magasins depuis le début de 2020. Un choix que ne regrette pas Laurent, un boucher venu témoigner : « Mon chiffre d’affaires est resté stable. Le coût de la viande sous label rouge est, certes, plus élevé mais on s’y retrouve au niveau du rendement, avec également un plus grand nombre de pièces “premium” en vitrine. »

 

En parallèle, « la filière démarre une gamme en libre-service pour le haché et les UVCI (unité de vente consommateur industrielle) dans 580 points de vente », expose Annick Jentzer.

 

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(1) Pour garantir la protection des bovins à l’abattoir, 223 indicateurs couvrent toutes les étapes du déchargement à la mort des bovins quel que soit le mode d’abattage. Une notation à cinq niveaux, allant de A + à D, est attribuée à l’issue de l’évaluation.