Pierre Mercier a fait le choix, dès son installation en 1985, d’un troupeau 100 % limousin. « En visitant un élevage dans la plaine du Forez, j’ai eu un véritable coup de foudre pour cette race rustique, qui présente de bonnes qualités de viande et une facilité de naissance », explique l’éleveur, installé à Coutouvre, dans la Loire.

Des animaux mixtes

En 2000, l’exploitation prend un nouveau tournant lorsque Pierre et sa femme, Joëlle, décident de commencer une réelle activité de sélection. « Avant, notre troupeau était très axé sur la viande. Nous avons voulu garder ces caractéristiques mais avec des animaux mixtes », précisent les deux éleveurs. Ligne de dos, qualité de bassin, finesse d’os, facilité de naissance­, profondeur de poitrine et aplombs sont les premiers critères que le couple regarde.

Le caractère des animaux tient également une grande place dans la sélection. « Depuis 2005, nous dressons toutes les génisses et tous les mâles reproducteurs au sevrage. L’objectif est d’avoir une manipulation et une contention facilitées », indique Joëlle. Au fil des années, les deux éleveurs ont peaufiné leur méthode, qui consiste à attacher les animaux au licol au cornadis pendant plusieurs demi-journées consécutives. « Quand ils sont habitués, on les attache en fond de case une journée entière pour la soumission, jusqu’à ce qu’ils se couchent. Une fois cette étape réalisée commence l’apprentissage de la marche et de l’arrêt. »

La confiance entre l’homme et l’animal est leur règle d’or. « De plus, pour avoir de bons résultats, il est essentiel que le dresseur et l’animal soient dans de bonnes dispositions. En cas de contrariété de l’un ou de l’autre, il vaut mieux remettre la séance à plus tard », explique Joëlle. Le dressage demande beaucoup d’heures de travail et il est parfois impossible de soumettre une bête. « C’est alors un indicateur pour nous pour ne pas la conserver pour la reproduction », précise Pierre.

Monte naturelle

Concernant la sélection du troupeau, la monte naturelle est utilisée pour la quasi-totalité des femelles. « Nous avons fait ce choix pour nous démarquer et proposer un produit qui plaît aux sélectionneurs », indique l’éleveur. Chaque année, quatre taureaux sont en production au sein de l’exploitation. Certaines fois, les deux éleveurs en achètent en copropriété. « Notre objectif est de réaliser soixante-quinze vêlages par an. » Ils se déroulent majoritairement de fin août à mi-décembre, à l’extérieur. « En évitant d’assister les vaches, nous favorisons la facilité à la naissance et l’aptitude au vêlage. »

Quelques vaches vêlent également­ en février et en mars, « ce qui permet d’avoir des reproducteurs nés au printemps. » Ce sont majoritairement des mâles qui sont vendus en tant que reproducteurs (lire l’encadré ci-dessous). Mais quelques femelles d’un an peuvent aussi être vendues à des éleveurs, en fonction de la demande. Le tri est fait après le premier­ vêlage. Les primipares que Joëlle et Pierre Mercier ne veulent pas garder sont engraissées alors qu’elles élèvent leur veau.

Camille Penet