« Les éleveurs de 45-55 ans commencent déjà à diminuer le nombre de vaches en prévision de la retraite. On compte aujourd’hui une installation contre sept à huit départs », témoigne Clément Boubal, président du marché de Sancoins, dans un communiqué publié par la Fédération française des marchés de bétail vif (FMBV) le 1er mars 2021.
Si la transmissibilité des exploitations agricoles est un réel défi à relever pour les générations à venir, le contexte climatique et conjoncturel subi par la production bovine complique la donne. « Il y a une vraie lassitude dans les exploitations. La production bovine est en train de vivre ce que la production ovine a connu il y a 20 ans », alerte Martial Tardivon, directeur de la Sicafome (marché au Cadran, de Moulins-Engilbert dans la Nièvre).
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« Sans marchés, il n’y a plus de cotations »
« Il y a urgence à agir car, face aux effectifs de bovins qui diminuent à une allure folle, ce sont aussi les marchés aux bestiaux qui se trouvent menacés », souligne Alain Breteaudeau, président de la FMBV, interrogé le 2 mars 2021 par La France Agricole.
Ce dernier rappelle toute l’importance de maintenir des flux d’animaux sur les marchés, qu’il considère comme des « lieux d’échange indispensables entre l’acheteur et le vendeur pour discuter des prix ». « Sans marchés, il n’y a plus de cotations, ni de références sur les prix », reprend-il.
Une baisse drastique des approvisionnements
Pour Alain Breteaudeau, l’agrandissement des exploitations agricoles sans main-d’œuvre supplémentaire conduit également bon nombre d’éleveurs à délaisser les marchés. Mais le manque de temps n’est pas la seule explication. « Chez les jeunes, éleveurs comme commerçants, la production vient à manquer ; les achats en campagne sont compliqués surtout en broutards qui sont de 100 € à 150 € la pièce moins chers que l’an dernier », renchérissent les négociants.
« Dans la Région Centre, Clément Boubal, président du marché de Sancoins s’attend à une baisse de 30 % du cheptel bovin dans les années à venir », rapporte le communiqué de la FMBV. À Moulins-Engilbert, la Sicafome prévoit même un recul de 50 % sur la zone de chalandise du marché d’ici à 2030 (Nièvre et départements limitrophes).
Du côté des Pays de la Loire, le constat est identique : « Les apports du marché de Cholet régressent depuis 2000 à la même vitesse que l’élevage local. 3 à 4 élevages arrêtent l’activité dans chaque commune sur le secteur. Il y a encore quelques cheptels qui grossissent fortement mais ça ne suffit pas », indique Stéphane Brochard, directeur du foirail.
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Davantage de vaches maigres
Un autre point soulevé par les professionnels est la réduction de l’offre en animaux gras. Après plusieurs sécheresses consécutives, « les éleveurs se risquent de moins en moins à finir leurs animaux dans un contexte de disponibilités fourragères limitées », explique la FMBV. La hausse du prix des aliments et les difficultés de valorisation des animaux sont autant d’autres facteurs qui ne motivent pas les éleveurs à engraisser davantage.