« Vous allez voir un lanceur d’alerte employé dans un élevage de cochons de l’Yonne, prévient Sébastien Arsac, directeur des enquêtes et porte-parole de L214. Son témoignage est terrifiant. Après avoir travaillé plus de deux dans cette porcherie, après avoir dénoncé la situation auprès de sa direction, auprès de la gendarmerie, sans résultat, il s’est tourné vers L214. »
> À lire aussi : La castration des porcelets recule en Europe (03/06/2021)
Une porcherie de l’Yonne
L214 situe l’élevage de porcs en question dans l’Yonne et explique que les images ont été réalisées avec le téléphone portable du lanceur d’alerte. Image à l’appui, l’association antispéciste dénonce en particulier, les « coups de tournevis » donné aux truies pour les faire avancer, ou encore le « claquage » des porcelets contre le sol ou les cloisons des maternités.
« Ça ne sert à rien, assure le témoin. Il n’y a pas lieu d’avoir un tournevis surtout qu’on a des panneaux rouges pour les faire avancer. Avant que je parte, ils ont acheté une pile électrique. Il y a une truie qui ne pouvait plus avancer et il s’est acharné dessus. » L’homme évoque aussi la coupe systématique des queues, la castration à vif et la section de dents sur des cochettes.
« J’ai été porté plainte pour maltraitance »
« Faisant suite aux maltraitances, j’ai envoyé des SMS à mon chef pour lui dire pour la maltraitance. Il ne me répondait jamais sur la maltraitance. Il changeait toujours de discussion. […] Alors j’ai pris une initiative, j’ai appelé le directeur, je l’ai eu par téléphone, et rien. Il s’en fout. Du coup, j’ai été porté plainte pour maltraitance. Par la suite, j’ai contacté L214. »
Le procureur de la République à Auxerre, Hugues de Phily, a confirmé à l’AFP ce dépôt de plainte, datant de février dernier, et l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à la gendarmerie ainsi qu’aux services vétérinaires. L’association annonce avoir également porté plainte mercredi auprès du procureur de la République d’Auxerre.
Fort de ce témoignage, L214 affirme avoir identifié de « nombreuses infractions à la réglementation » dans cet élevage de porcs, comme « des densités d’élevage trop fortes » pour les femelles gestantes. « Cet élevage doit rapidement être inspecté et sanctionné. La coupe des queues à vif et le claquage des porcelets devraient être interdits », conclut Sébastien Arsac.
> À lire aussi : L’abattage-découpe plaide pour la castration des porcs (15/12/2020)
L’élevage mis en demeure
Dans un communiqué, la préfecture de l’Yonne indique que l’exploitant de la porcherie a été « mis en demeure » à la suite d’une inspection de l’élevage, le 1er juin 2021, et la constatation de « non-conformités ».
Ce contrôle inopiné, réalisé par les services vétérinaires de la Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP), « faisait suite à un signalement déposé à la gendarmerie », a-t-on précisé de même source.
« La DDETSPP a informé l’exploitant qu’une nouvelle inspection serait menée pour vérifier la mise en conformité de son élevage », selon la préfecture, qui assure de la « pleine mobilisation » des services vétérinaires de la DDETSPP.