« Actuellement, entre Gravelines (Hauts-de-France) et Granville (Manche), beaucoup d’oiseaux sauvages meurent [de la grippe aviaire]. Ce sont des goélands, des sternes, des mouettes mélanocéphales, à peu près toutes les espèces d’oiseaux d’eau qu’on trouve en bord de mer en ce moment », rapporte Gilles Salvat, directeur général délégué de l’Anses, lors de l’assemblée générale du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV), le 28 juin 2022 à Paris.

 

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Le danger d’un passage à l’homme

Selon le scientifique, la contamination de l’environnement et de la faune sauvage migratrice est telle, notamment dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, que « la faune sauvage qui bouge peu — mais qui peut quand même voler sur quelques centaines de kilomètres en une journée — est massivement contaminée ».

 

« On est en train d’endémiser un virus d’épizootie que l’on n’avait pas eu avant 2006, et que l’on n’a pas eu entre 2006 et 2016 », appuie-t-il. Et la situation française n’est pas isolée. « C’est pareil aux États-Unis et au Canada, poursuit Gilles Salvat. Si ce type de virus circule durablement, à un moment donné ils passeront sur le cochon, puis à l’homme puisque le porc est un bon réservoir de réassortiment. »

 

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Vers la fin des stratégies « coup de poing » ?

Pour l’heure, afin de limiter la diffusion de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), la stratégie d’abattage des troupeaux contaminés prévaut. « Mais lorsque l’on a un front de diffusion extrêmement rapide la question se pose : est-ce qu’on continue à abattre le troupeau suivant, ou est-ce que l’on a une stratégie de vaccination ? », s’interroge le spécialiste.

 

Dès lors, plusieurs méthodes sont envisageables. « On peut attendre les premiers foyers pour vacciner en anneau et essayer de ralentir le front de l’épizootie. On peut aussi vacciner à une saison où l’on sait qu’il y a un risque qui vient du ciel », ébauche Gilles Salvat. Mais il prévient : « Le vaccin étant une solution parmi les autres, ce n’est pas la solution unique. »

 

Pour autant, Jean-Luc Angot, président de la section « Prospective, société, international » du CGAAER (1) estime que « la réglementation va devoir évoluer sur l’usage de la vaccination. Cela amène aussi à revoir les négociations au niveau international ».

 

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(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.