« Dans l’hypothèse où la guerre en Ukraine se poursuivrait, la tendance haussière des prix pourrait durer jusqu’en 2024 », projette Thierry Pouch, chef économiste aux Chambres d’agriculture de France (APCA), lors d’une conférence sur les marchés mondiaux, organisée par l’Institut de l’élevage.
Dans ce contexte inédit, comment imaginer le budget affecté à l’alimentation de demain ? « Sous le poids des charges, de nombreux ménages se détournent des produits de haut de gamme au profit des marques de premier prix, soulève l’expert. Le rétablissement d’une vraie politique alimentaire serait la bienvenue pour aider à une consommation saine et équilibrée. »
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Un taux de croissance relativement bas en France
Les prix à la consommation (IPC) dans la zone OCDE ont progressé de 9,2 % en glissement annuel en avril 2022, après 8,8 % en mars 2022. En France, l’inflation alimentaire est l’une des plus basses de l’OCDE « alors que les produits agricoles affichent une hausse relativement homogène à travers le globe », remarque Philippe Chotteau, chef du département de l’économie à l’Idele.

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Réinvestir notre politique alimentaire
« Les chiffres de l’OCDE le montrent chaque mois, nous mettons le doigt sur un réel problème de répercussion des hausses de prix à l’aval », reprend Philippe Chotteau.
Pour compléter cette analyse, l’économiste s’est appuyé sur la structure de consommation selon le niveau de vie en France. D’après les chiffres de l’Insee de 2017, le logement représente en moyenne 22 % des dépenses des 20 % des ménages les plus modestes et constitue ainsi leur premier poste de consommation, devant l’alimentation à domicile (18 %), les transports (14 %) et les biens et services divers.

« Le poids du logement dans les dépenses contraintes des foyers est particulièrement élevé, comparativement à d’autres pays comme l’Allemagne », souligne l’expert. Pour dynamiser la consommation et redonner du pouvoir d’achat aux Français, « il serait peut-être opportun de jouer sur les politiques publiques du logement », estime-il.
Pour les experts, des arbitrages doivent être menés pour permettre aux ménages les plus précaires d’accéder à des produits locaux et de qualité. Ces derniers évoquent notamment l’exemple de la puissance étasunienne, qui a placé la sécurité alimentaire à la population comme un enjeu prioritaire. « Le gouvernement alloue des budgets considérables pour l’aide alimentaire dans le cadre du Farm Bill », indique Philippe Chotteau.
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(1) Organisation de coopération et de développement économiques, comptant 38 pays membres.