« Les quelque 1 378 foyers en élevage (1) d’influenza aviaire hautement pathogène pour la saison 2021-2022 — près de trois fois plus que la campagne précédente — ont prouvé l’inefficacité des mesures de biosécurité mises en place », estime Denis Perreau, secrétaire national de la Confédération paysanne.
Fort des enseignements qu’ils ont tirés avec cette nouvelle crise, le Modef et la Confédération paysanne ont présenté des orientations pour une nouvelle feuille de route contre la grippe aviaire, ou du moins pour une « remise à plat de l’ensemble des éléments » de la précédente, lors d’une conférence de presse organisée le 7 juin 2022.
« Cette fois, on ne signera rien [qui ne nous convienne pas] », a assuré Syvie Cola, porte-parole de la Confédération paysanne du Gers. L’an passé, les deux syndicats avaient émis des réserves lors de la signature de la feuille de route, qui n’ont pas été prises en compte, expliquent-ils.
Adapter les nouvelles règles à chaque élevage
Les syndicats demandent la fin de la claustration obligatoire des volailles, contre laquelle ils se battent depuis que la dérogation permettant aux petits producteurs de s’y soustraire a été supprimée. Ils appellent également l’État et la filière à travailler sur la densité à la fois des exploitations et des volailles en élevage, et à « accompagner les éleveurs concernés », souligne Julien Mora, représentant du Modef des Landes. « On se demande aussi, qui va payer cette baisse de densité », a-t-il ajouté.
Le Modef et la Confédération paysanne souhaitent également :
- Une « limitation drastique des flux d’animaux et de personnels entre les élevages de volailles », notamment en filière longue ;
- Une adaptation des règles de biosécurité aux spécificités de chaque exploitation ;
- Des moyens financiers pour la recherche de solutions de moyen de long terme, incluant la vaccination ;
- « La mise en place d’une base de données indépendante et accessibles [pour] l’Anses (2) et d’une enquête parlementaire sur les dérives du système de production industriel et le rôle des interprofessions dans les crises successives.
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Meilleure gestion de crises
Constatant le débordement des services de l’État dans la gestion de l’euthanasie et de l’équarrissage des volailles dans les Grand Ouest, les syndicats demandent une meilleure préparation à ce genre de situation. « Comme dans le Sud-Ouest avec des sociétés prestataires qui étaient venues en renfort », a illustré Sylvie Cola.
Modef et Confédération paysanne attendent également :
- Un accompagnement psychologique immédiat pour les éleveurs ;
- La mise en place d’un « chômage paysan » immédiat pour tous les élevages contraints d’arrêter leur activité ;
- L’annulation des dettes bancaires et l’indemnisation des élevages souhaitant abandonner la production de volailles après avoir été impactés par les mesures de gestion de la grippe aviaire ;
- La reconnaissance du préjudice moral subi par les éleveurs.
Les syndicats préparent des mobilisations pour la fin du mois de juin, une fois que les élections seront passées, ont-ils averti.
(1) Données du ministère de l’Agriculture au 7 juin 2022.
(2) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.