Dans la suite du dossier « concilier transport en vif et bien-être animal » consacré aux bovins, l’interprofession porcine (Inaporc) et l’Institut du porc (Ifip) livrent à leur tour leur analyse. Parmi les recommandations validées par le Parlement européen en janvier 2022 figure la limitation des durées de trajet à huit heures pour les animaux destinés à l’abattage. Les eurodéputés préconisent par ailleurs de remplacer « dans la mesure du possible » le transport en vif par celui de carcasses, de viande et de matériel génétique.
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Si la mise en œuvre de telles mesures concernerait peu de volumes en France, « ils représentent néanmoins des filières spécifiques importantes pour l’équilibre des marchés », estime François-Régis Huet, référent bien-être porcin pour l’interprofession et la Fédération nationale porcine (FNP).
Peu de volumes concernés par les trajets longue distance
À l’échelle française, 23 millions de porcs charcutiers sont produits chaque année et près de 300 000 d’entre eux sont exportés, soit 1,3 % de la production totale. En moyenne par animal, la durée de trajet, toutes catégories confondues, s’établit à 3h20 et plus de 80 % des volumes concernés ne dépassent pas 4h30 de temps de voyage, indique l’interprofession.
« Comparativement à d’autres pays européens, la France serait moins exposée à une évolution de la réglementation. Le territoire est composé majoritairement d’élevages naisseurs engraisseurs. La plupart des porcs sont donc directement conduits à l’abattoir », reprend Inaporc.
Une valeur ajoutée non négligeable
Le transport sur de longues distances se rapporte surtout aux cheptels reproducteurs, aux truies de réforme et aux porcelets. Bien que la proportion d’animaux impliquée soit faible, « les professionnels n’ont pas de solution alternative en cas d’évolution de la réglementation », s’inquiète François-Régis Huet.
« Pour les entreprises de génétique, le commerce de ces animaux représente une valeur ajoutée qui a son importance. Quant aux porcs charcutiers, l’export permet de soulager le marché français d’une partie des volumes qu’il n’est pas en capacité d’absorber à certaines périodes de l’année », poursuit l’expert.
En ce sens, la filière porcine suit le dossier de près. « Nous échangeons fréquemment avec nos partenaires européens et nous nous inscrivons dans la stratégie du Copa-Cogeca », souligne François-Régis Huet, aussi vice-président du groupe santé et bien-être animal des organisations et coopératives agricoles de l’Union européenne.
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Guides de bonnes pratiques
En complément du règlement (CE) n°1/2005, la filière porcine avait participé, entre 2015 et 2019, à l’élaboration de guides de bonnes pratiques pour les animaux transportés au sein de l’Union européenne et vers les pays tiers. Encadrés par la Commission européenne, les documents ont été traduits dans huit langues et englobent le transport des bovins, équins, porcins, volailles et ovins (1).
Ils visent à « donner davantage de clarté et à éviter toute interprétation à l’échelle des différents États-membres », indique Patrick Chevillon, spécialiste de la thématique transport et bien-être animal à l’Ifip.
Des avancées au niveau français
Au niveau français aussi, des avancées sur le bien-être animal ont été réalisées en concertation avec les professionnels. « Des évolutions ont été entamées depuis une vingtaine d’années sur les équipements, la préparation des porcs avant départ, la gestion de l’ajeunement ou encore l’accessibilité à l’eau » illustre François-Régis Huet.
« Aujourd’hui, les camions sont équipés de ponts larges, avec des sols antidérapants, pour faciliter le chargement des animaux », ajoute Patrick Chevillon. Ces adaptations ont amené certains groupements et indirectement les éleveurs à modifier leurs quais de chargement.
S’agissant du ramassage, les transporteurs passent toujours en début de soirée ou alors dans la nuit pour garantir des températures plus confortables aux animaux durant le voyage.
(1) Les guides de bonnes pratiques ont été rédigés par un large consortium d’instituts de recherche de dix pays et les parties prenantes de l’Union européenne dans le domaine agroalimentaire, vétérinaire, du transport et du bien-être animal. Ils s’appliquent aux animaux domestiques destinés à l’engraissement, l’abattage et la reproduction.