« La contractualisation est obligatoire en viande bovine depuis le 1er janvier 2022 et pourtant quasiment aucun contrat n’est signé », déplore la Confédération paysanne, dans un communiqué publié le 18 février 2022.
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En manque d’indicateurs
À la source du problème, la non-publication exhaustive et officielle des indicateurs de coût de production des éleveurs bovins. « La moindre des choses aurait été de permettre aux paysannes et paysans d’avoir les moyens de se servir de cet outil [contractuel] » contractuel, estime le syndicat :
Dans son dernier bulletin économique de la filière bovine, Interbev, l’interprofession du bétail et des viandes, renseigne sur l’évolution de l’indice mensuel de coût de revient jeunes bovins et de l’Ipampa viande bovine, tous deux en base 100. « La loi EGAlim 2 prévoit la publication d’indicateurs de référence et de leur évolution. Il manque donc les valeurs socles [NDLR : en €/kg équivalent carcasse] », commente la Confédération paysanne, contactée par La France Agricole.
« Contourner un blocage politique »
Pourtant, certaines références existent sur les coûts de production en viande bovine. Calculées par l’Institut de l’élevage (Idele), elles ont récemment été diffusées par la Fédération nationale bovine (FNB). Ces indicateurs sont jugés « plutôt justes, réalistes et cohérents » par Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne.
Mais « les organisations de l’aval bloquent la publication par Interbev des indicateurs de coût de production dans le secteur bovin allaitant. Ils en avaient pourtant validé la méthodologie il y a quelques mois », explique la Confédération paysanne.
Pour « contourner » ce « blocage politique » au niveau interprofessionnel, le syndicat a annoncé « saisir formellement » l’Idele « pour qu’il applique la loi et publie ces indicateurs de coût de production en viande bovine pour les trois principaux segments (standard, label rouge et agriculture biologique) et les principales catégories d’animaux. »
Besoin d’un « coup de pression »
Si le syndicat ne conteste pas l’initiative de la FNB d’avoir publié les indicateurs de coûts de production, « leur diffision aura plus de poids si elle provient d’une source officielle », pointe la Confédération paysanne.
« La publication des indicateurs par l’Idele ne suffira probablement pas à faire céder les distributeurs, concède Nicolas Girod. Les indicateurs doivent non seulement être publiés mais aussi et surtout utilisés. Nous avons besoin d’un gros coup de pression politique. Il faut tordre le bras aux acteurs qui ne jouent pas le jeu. »