Le deuxième jour de l’assemblée générale de la Fédération nationale bovine (FNB), placé sous le signe de la contractualisation, a connu un début de matinée quelque peu mouvementé. Dès 8 heures du matin, 160 camions et une trentaine de tracteurs sont venus occuper les rues d’Aurillac, paralysant l’accès au congrès pour bon nombre de participants.
Après son passage à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 23 décembre dernier, le convoi sous la bannière « Agriculteurs et négociants solidaires » s’est rassemblé le jeudi 3 février. Leur objectif : manifester contre l’obligation de contractualisation, imposée depuis le 1er janvier 2022 pour certaines catégories de bovins à viande (1). Un signal fort alors que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, venait justement échanger sur ce sujet, au congrès de la FNB.
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Le programme du ministre bousculé
Contacté par La France Agricole ce lundi 7 février 2022, Jean-Paul Boyer, négociant dans l’Aveyron et membre actif du collectif, indique avoir sollicité le ministre de l’Agriculture à plusieurs reprises, en amont du congrès de la FNB. « Sans réponse de sa part, nous avons appelé la préfecture le matin même de sa venue à Aurillac pour réclamer une entrevue », explique-t-il.
N’obtenant toujours pas d’entretien, les manifestants ont alors bloqué les accès de la ville et contraint Julien Denormandie à annuler ses plans de l’après-midi (2).


Crainte d’un « modèle d’intégration total »
Voyant son programme tomber à l’eau, « Julien Denormandie a fini par nous recevoir durant 2 h 20 à la direction départementale des territoires (DDT) d’Aurillac, en présence de ses conseillers, du préfet et de la Draaf », poursuit Jean-Paul Boyer.
« Le ministre s’est dit prêt à entamer des négociations dans le cadre technique de la loi, mais il est resté très vague au sujet du contenu des aménagements proposés », rapporte Pierre-Antoine Fabre, un des quatre membres du collectif présent à la réunion, aussi président de la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) du Cantal et de l’Occitanie.
Une concession loin de satisfaire le collectif. « C’est le caractère obligatoire de la contractualisation qui nous dérange », poursuit Jean-Paul Boyer, qui l’assimile à une « dictature inadmissible ». « Nous craignons que la filière du bovin à viande se dirige vers un modèle d’intégration total », renchérit Pierre-Antoine Fabre.

« Aujourd’hui, nous n’avons reçu aucun contrat de la part des éleveurs, ajoute Pierre-Antoine Fabre, négociant dans le Cantal. D’après nos collègues commerçants, c’est un constat à l’échelle nationale. Cela signifie bien que les éleveurs ne sont pas prêts, ou alors qu’ils n’ont pas envie d’aller vers cette voie. »
(1) Pour rappel, l’obligation de contractualisation exigée par la loi Egalim 2 s’applique depuis le 1er janvier 2022 aux bovins mâles non castrés de 12 à 24 mois, aux vaches et génisses à viande ainsi qu’aux bovins sous signe officiel de qualité.
(2) À l’issue du congrès, Julien Denormandie devait se rendre au collège Jules Ferry d’Aurillac puis à un laboratoire spécialisé dans la fabrication de ferments d’affinage pour la filière laitière. Il avait également prévu de visiter une exploitation laitière du centre du département (Cantal).