Au 15 mars 2022, le ministère dénombrait 419 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans les élevages du Grand Ouest, dont 338 en Vendée. Sur ce seul département, six millions d’animaux avaient été abattus au 14 mars, et toutes les espèces, gibiers compris, sont concernées, a précisé Pascal Sachot, porte-parole de la Confédération paysanne en Vendée. Son syndicat organisait le 16 mars 2022 une conférence de presse avec le Modef, la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique) et le collectif Sauve qui poule pour exprimer leur position sur le sujet.

Des mesures d’urgence pour l’équarrissage

L’embrasement de la situation a conduit à une saturation des sociétés en charge de l’euthanasie, de l’équarrissage et de l’enfouissement des animaux. « Par endroits, des éleveurs attendent huit à dix jours avant que les cadavres de leurs volailles ne soient enlevés des bâtiments », a rapporté Pascal Sachot.

 

Les organisations déplorent le manque d’anticipation de l’État, conduisant à prendre des mesures d’urgence telle que l’enfouissement des cadavres sur les exploitations. Depuis le 13 mars, cette mesure est encadrée, de manière très stricte, par des fiches techniques diffusées par les DDPP (direction départementale de la protection des populations), a affirmé Eudes Gourdon, porte-parole de la Confédération paysanne des Pays de la Loire.

 

Au préalable, la prise de contact avec la DDPP déboucherait sur l’intervention d’hydrogéologues agréés. Mais la capacité de ces derniers à visiter un grand nombre d’exploitations en si peu de temps laisse Eudes Gourdon sceptique. Le ministère avait déjà annoncé le 11 mars que l’enfouissement pourrait s’effectuer sur des sites réservés au stockage de déchets non dangereux.

 

Si la DDPP garde la responsabilité de ces enfouissements, plusieurs intervenants ont pointé du doigt la détresse psychologique dans laquelle se retrouvent de nombreux éleveurs. Déjà impactés par la situation, ils auraient alors à éliminer eux-mêmes les cadavres de leurs animaux. « C’est n’importe quoi », a jugé Sylvie Colas, porte-parole de la section gersoise de la Confédération paysanne.

Revoir le modèle

Pourtant, leurs organisations avaient prévenu, martèlent les participants. « Il y a de l’amertume de ne pas avoir été écoutés. Il y a beaucoup de choses qu’on avait dites, notamment sur la gestion des flux et des densités [très élevés], ou sur le système de dépistage », regrette Julien Mora, représentant du Modef des Landes.

 

Pour les organisations, les mesures adoptées à la suite de la crise de 2020-2021, comme la claustration obligatoire des volailles en cas de risque élevé de propagation du virus, sont insuffisantes, voire « complètement inutiles » et n’ont pas permis d’éviter une nouvelle épidémie. « Il va falloir retravailler sérieusement ces dossiers. J’espère qu’après cette crise, on va être beaucoup plus entendus », a appuyé David Léger, secrétaire national en charge du dossier sur les volailles à la Fnab.

 

Le ministère a assuré le 11 mars qu’un protocole dérogatoire serait mis en place pour permettre le transport de poussins d’un jour et les œufs à couver vers le sud-ouest, où les éleveurs sont prêts à reprendre la production. En effet, la Région Pays de la Loire est une importante productrice de volailles de reproduction. Mais cette mesure est précipitée pour Sylvie Colas et laisse courir le risque d’une réintroduction du virus dans le Sud-Ouest.

Jugement imminent des recours déposés

À la fin de l’année 2021, les organisations avaient déposé des recours devant le Conseil d’État, principalement sur les mesures de biosécurité mises en place après la crise de 2020-2021. Retoqués le 24 décembre, ces recours doivent désormais être examinés sur le fond. Les décisions sont attendues d’ici à deux ou trois semaines, ont annoncé les organisations.

 

(1) Un foyer peut se composer d’un ou de plusieurs bâtiments.