Habituellement, Ovilot, l’organisme de sélection de la race ovine causse du Lot, vend ses agnelles aux éleveurs à trois ou quatre mois (35 kg). Ces derniers leur consacrent alors leurs meilleures parcelles ainsi que beaucoup de soins jusqu’à leur première mise bas. En somme, une année de charges, alors que les animaux sont improductifs.

Depuis juin dernier, les producteurs ont la possibilité de confier leurs agnelles à l’association Transhumance en Quercy, afin qu’elles vieillissent en transhumance avant d’intégrer la ferme. « Nous avons créé cette association en 2003 pour désembroussailler des espaces à fort risque d’incendie, raconte Jean-Louis Issaly, le président. Aujourd’hui, nous sommes aussi engagés dans le pastoralisme. Dans le Lot, où l’élevage ovin est très concentré sur le causse central, aux ressources fourragères limitées, nous proposons de faire transhumer les agnelles sur des zones en déprise, mises à disposition par des propriétaires fonciers non-agriculteurs. »

Ce projet collectif regroupe plusieurs acteurs de la filière ovine du Lot (1). Six éleveurs du causse ont accepté de jouer le jeu et ont laissé leurs nouvelles agnelles à Transhumance en Quercy et Ovilot jusqu’en mars 2022. Depuis l’été, elles sont 480 à pâturer en plein air intégral, sans complémentation, sur les 230 ha de l’Association foncière pastorale libre du plateau Quercy ouest. Créée en février 2020 pour ce projet, celle-ci comprend les communes de Floressas, Lacapelle-Cabanac et Mauroux et regroupe 673 parcelles appartenant à 134 propriétaires.

Plein air intégral

Les agnelles sont réparties en trois lots, séparant les causses du Lot et les croisées F1 46. Selon l’état de l’herbe dans les parcs, elles restent une journée ou une semaine au même endroit. Frédéric Lestang, le berger de Transhumance en Quercy, déplace au fur et à mesure les clôtures électriques mobiles, fournies par l’association.

« Un protocole de recherche de cinq ans comparera la croissance et les performances des animaux à ceux élevés de façon classique sur les exploitations », précise Luc Rives, directeur d’Ovilot. L’ensemble des agnelles fait l’objet d’un suivi technique par Ovilot et sanitaire par le GDS (groupement de défense sanitaire). Pesées (quatre sur les neuf mois de transhumance), mesure de l’état corporel, tonte et vaccination sont effectuées avec l’aide du berger. « Les premiers tests réalisés depuis 2016 ont montré que les agnelles en transhumance se comportent très bien une fois intégrées au troupeau de l’exploitation, qu’elles sont habituées aux clôtures, aux manipulations et à chercher leur nourriture », note celui-ci. Des comparaisons se feront également une fois les mises bas terminées.

Pour les éleveurs, gérer un lot en moins libère des surfaces et du temps, et économise du fourrage. Et pour les jeunes qui s’installent, acquérir des agnelles vieillies et primables dès leur première année représente un gros avantage pour leur trésorerie.

Florence Jacquemoud

(1) Ovilot, Transhumance en Quercy, conseil départemental, chambre d’agriculture, GDS, Adasea.