La Ferme de Lartois, située à Faumont, dans le Nord, fait partie des 1 200 exploitations de bovins allaitants diagnostiquées avec l’outil d’évaluation BoviWell. « Nous étions déjà sensibilisés au bien-être animal depuis longtemps, explique Mathilde Agache, à la tête d’un troupeau de soixante mères parthenaises, avec son frère et ses parents. Mais si nous nous appuyions sur la charte des bonnes pratiques d’élevage, nous n’avions jusqu’ici aucun moyen de les mettre en avant. » L’adaptation de l’outil BoviWell aux systèmes bovins viande a donc été une bonne nouvelle pour les exploitants.

Gage de reconnaissance

L’élevage a été audité pour la première fois en novembre 2020, par un organisme certificateur indépendant. Les producteurs ont obtenu le niveau « excellent », sur une échelle de 0 à 100 points, classée en quatre paliers.

La certification, qui se déroule sur une demi-journée, débute par un entretien avec les éleveurs, suivi d’une évaluation pour chacune des « 5 libertés ». L’état corporel et de santé des animaux, le nombre de places à l’auge, la densité dans les bâtiments et au pâturage sont autant de critères passés au peigne fin. « L’évaluateur accorde beaucoup d’attention à la compétition entre les animaux, liée notamment à l’accès à l’alimentation et à l’eau », ajoute Mathilde. L’ajustement de la taille des abreuvoirs dans un des bâtiments a été identifié comme point d’amélioration par le technicien en charge de l’audit.

Le comportement des bovins au contact de l’homme est également examiné de près. Là dessus, « nous travaillons à la manipulation des génisses d’élevage dès le sevrage, afin de les habituer à une certaine proximité, poursuit-elle (lire aussi en page 36). L’ensemble des critères évalués pour le troupeau, sous forme de notes et de curseurs, permet de vérifier notre ressenti sur la conduite d’élevage. C’est également un bon moyen de se situer par rapport à d’autres exploitations. »

Pour donner davantage de visibilité à sa démarche, la famille Agache a adhéré, à l’issue de l’audit, à la marque privée « L’engagement bien-être animal » (lire l’encadré). Cette initiative impose comme seule condition la certification par l’outil BoviWell. « Les systèmes naisseurs et engraisseurs d’animaux de boucherie haut de gamme sont éligibles », précise Nicolas Fagoo, négociant en bestiaux et boucher dans le Pas-de-Calais, à l’initiative de la démarche.

Promesse de débouché et de prix

Ainsi, les exploitants valorisent leurs veaux, bœufs, génisses et jeunes vaches en vente directe à la ferme sous ce label privé. En parallèle, 10 à 20 % des animaux engraissés partent en circuit traditionnel de boucherie. Nicolas Fagoo et les éleveurs conviennent d’un prix de gré à gré, auxquel s’ajoutent 20 centimes par kilo de carcasse grâce au label. « Une tournée est organisée chaque semaine pour planifier les sorties dans les trente-cinq fermes engagées, complète le marchand en bestiaux. Le label se cantonne à l’échelle locale, pour maîtriser les approvisionnements au plus près de la demande et ainsi garantir une valorisation supérieure aux éleveurs. » Lucie Pouchard