Aricle Dossier « Mes montbéliardes pâturent des betteraves fourragères »

A partir de septembre, les 40 montbéliardes d'Aurélien Sabin pâturent des betteraves pendant deux heures avant de rejoindre la prairie. Installé à Ballots, en Mayenne, Aurélien perpétue une technique traditionnelle de la région. « La racine constitue un fourrage frais, alors que la production d'herbe décroît », indique-t-il. Cet automne est atypique puisque l'herbe pousse encore abondamment. Le début du pâturage « au fil » des betteraves a commencé en octobre, avec un mois de retard.

« Tous les matins, les vaches ont droit à un demi-rang de betteraves, soit 80 mètres, indique Aurélien. Cela équivaut à 1,5 à 2 kg de matière sèche (MS) par jour chacune, sachant que le rendement varie entre 12 et 15 t de matière sèche par hectare selon les années. » Il n'est pas question de laisser l'accès libre aux vaches car le risque d'acidose est important. La plante est riche en sucre rapide. « Il y a quelques années, j'ai retrouvé le troupeau au milieu des betteraves car ma clôture était défaillante, se souvient-il. Deux d'entre elles sont restées malades pendant deux jours. » L'incident n'a pas eu de conséquences graves. Les vaches s'en sont remises, mais Aurélien ne manque pas de vérifier le bon fonctionnement de la clôture.

Il contrôle aussi l'équilibre de sa ration. Cette année, les betteraves viennent en complément du pâturage du regain des prairies, de l'ensilage de maïs distribué à l'auge à raison de 5 à 6 kg de MS/j et de 1 kg de MS/j de foin. Quand il n'y a plus d'herbe à pâturer, les quantités d'ensilage d'herbe augmentent. « L'apport de betteraves diversifie les ingrédients de la ration, ajoute Aurélien. Mes vaches sont en meilleur état. Cela sécurise aussi le système en multipliant les sources d'énergie. »

Cette année, les trois quarts de la parcelle seront récoltés avec du matériel détenu en copropriété : effeuilleuse, arracheuse et chargeuse. Les betteraves sont stockées sous un hangar où elles occupent une travée. « S'il gèle trop fort, je protège le tas en le recouvrant d'une bâche », indique Aurélien.

PAS DE BUTYRIQUE

Pendant l'hiver, les betteraves sont distribuées jusqu'aux mois de février-mars, à raison de 3 kg de MS par jour. Chaque vache reçoit en plus 4 kg de MS d'ensilage d'herbe, 8 kg de MS d'ensilage de maïs et 2,3 kg de correcteur azoté. La distribution est mécanisée avec un godet depuis peu. « Manuellement, c'est une contrainte importante », reconnaît Aurélien. La présence de terre sur la racine n'a pas d'incidence sur le développement des butyriques. « Il n'y a pas de fermentation lors de la conservation », souligne-t-il.

En raison d'une première exploitation en pâturage, Aurélien choisit des variétés peu enterrées. Elles sont de type fourrager. Un tiers de la racine seulement est enterré, à l'inverse des variétés sucrières fourragères, dont la proportion sous la terre avoisine les deux tiers. Les vaches arrachent elles-mêmes facilement les racines. Elles ne consomment pas les feuilles en totalité. « Mais elles s'habituent très vite, car leur appétence pour ce fourrage est grande », souligne Aurélien.