«Le pâturage avec un robot, c’est ce que j’appréhendais le plus, avoue Vincent Léquippé. Finalement, c’est ce qui se passe le mieux ! » Installé avec son père Jean-Michel à Couesmes (Indre-et-Loire), il produit 889 000 litres de lait par an avec 86 prim’hoslteins. En 2013, l’éleveur a opté pour un robot de traite (deux stalles), mais il n’a pas renoncé pour autant au pâturage. Cette année, les vaches sont à l’herbe depuis le 15 mars, tout en produisant la même quantité de lait qu’en stabulation. « La moyenne est à 11 500 kg de lait par an. Grâce robot, nous connaissons notre production quotidienne : pendant les trois mois de pâturage, de mars à mai, elle est de 33,5 kg environ, mais elle peut varier de 2-3 kg d’un jour à l’autre, alors qu’elle est stable le reste de l’année, souligne Vincent. Il faut s’habituer à ces fluctuations. » Le nombre de passages au robot reste identique, autour de 2,7 fois par jour.

Sur les 160 ha de l’exploitation, 70 ha sont destinés aux surfaces fourragères : 24 ha de pâture, 11 ha de prairies de fauche et 35 ha de maïs ensilage. Les 16 ha les plus proches du corps de ferme sont réservés aux vaches. Ils sont découpés en 13 parcelles, de 80 ares à 1,3 ha, implantées en ray-grass anglais et trèfle, et fertilisées à hauteur de 120 unités d’azote. Tous les deux jours, le troupeau change de parcelle en fonction de la pousse de l’herbe, que Vincent mesure avec un herbomètre. À partir de juin, les prairies sont trop sèches pour la pâture.

Toutes les vaches passent par le robot avant de sortir. Une porte de tri les autorise ou pas à aller dehors. Les premières ont accès à la prairie à partir de 7 h 30. Vers 14 h, elles commencent à rentrer, puis ressortent vers 15 h, jusqu’à 18 ou 19 h. Elles pâturent en moyenne cinq heures par jour. « Ce n’est pas très long, donc il faut un pâturage efficace pour qu’elles mangent environ 8 kg de MS d’herbe », ajoute l’éleveur.

Ration distribuée le soir

Pour cela, Vincent a changé ses habitudes de travail : la ration n’est pas distribuée le matin, mais à 17 h. Outre les 8 kg d’herbe pâturés, il apporte aux vaches 8 kg de maïs, presque deux fois moins qu’en hiver, ainsi que 1 kg de foin de luzerne et 2,5 kg de maïs grain humide. La quantité de correcteur est divisée par trois, à raison de 400 g de colza et 400 g de soja. Du tourteau de cacao est ajouté toute l’année pour augmenter le TP, et une complémentation individuelle à base de triticale et de soja est distribuée au robot. Le coût de la ration printanière est estimé à 75 €/1 000 l, contre 105 €/1 000 l en hiver. « En distribuant moins de 8 kg de maïs, on perdrait en niveau de production, souligne l’éleveur. Nous disposons d’à peine 18 ares par vache, or il faudrait le double de surface. » Ce qu’il n’envisage pas, pour des raisons de parcellaire et d’organisation.

L’accès à la stabulation a également été modifié. Vincent a construit une aire d’attente bétonnée extérieure de 100 m2. Les vaches peuvent y patienter avant de rentrer, une par une, dans le bâtiment. Les points d’eau ne sont pas placés dans les prairies, mais dans cette aire d’attente.Aude Richard