«Allez, les gars ! » Sept bœufs parthenais emboîtent docilement le pas à Pascal Moreau, le suivent jusqu’à la clôture et s’égayent dans la parcelle attenante, où l’herbe est plus abondante. Tous castrés dans les semaines qui ont suivi leur naissance, ils engraissent depuis, doucement mais sûrement, avec l’herbe de l’exploitation.
Installé à Montilliers (Maine-et-Loire), l’éleveur a commencé à produire quelques bœufs il y a une dizaine d’années. « Je ne voulais pas faire de céréales. J’ai préféré valoriser les prairies avec des bœufs à l’herbe. » Les pâtures occupent 45 des 72 ha de l’exploitation, pour 50 vaches parthenaises, leur suite et une vingtaine de bœufs.
Depuis trois ans, Pascal et cinq autres éleveurs de parthenais participent à un suivi de la conduite de ces bœufs, mené par la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. « Nous vendons bien les femelles, souligne-t-il. Mais pour nos broutards qui partent pour l’Italie, la Grèce ou l’Allemagne, on ne maîtrise pas grand-chose. » Les premières sont vendues entre 5,70 et 6 €/kg, tandis que les jeunes de 260 à 300 kg partent autour de 950 € par tête. Le marché français préférant la viande rouge, Pascal a choisi de castrer les mâles pour que leur viande s’approche de celle des femelles.
La principale difficulté est d’obtenir une croissance optimale avec une alimentation basée sur l’herbe. « Un jeune bovin prend 1 500 à 1 800 g par jour, explique-t-il. Avec un bœuf, qui reste beaucoup plus longtemps sur l’exploitation, il faut viser un gain moyen quotidien (GMQ) autour de 900 g. » Pour atteindre cet objectif, la maîtrise du pâturage s’impose. L’éleveur reconnaît volontiers que, s’il a tâtonné au début, il est aujourd’hui incollable sur la hauteur et l’appétence de l’herbe, le pâturage tournant et le meilleur moment pour transférer un lot de bœufs d’une parcelle à l’autre.
900 grammes de GMQ
Du fait de sols insuffisamment portants, les bœufs sont sous bâtiment de décembre à mi-mars, nourris à l’auge avec du foin et de l’ensilage d’herbe ou de maïs. « En hiver, je vise une croissance de 600-700 g », poursuit-il. Elle repart en flèche au printemps, à la mise à l’herbe. « Je peux alors atteindre 1 000 à 1 200 g de GMQ, pour une moyenne annuelle de 900 g. »
La troisième année, les bœufs rentrent à l’étable vers fin juin pour les trois derniers mois d’engraissement. Leur alimentation se compose alors de luzerne (foin ou enrubannage), complétée par du maïs grain (humide ou broyé) et un correcteur azoté. La croissance passe à 1,2-1,5 kg de GMQ. L’abattage, à 36 mois en moyenne, est décidé selon l’état d’engraissement. Les carcasses vont de 510 à 550 kg, « sans faire du gain de poids une obsession. Mais je reste attentif au coût que l’alimentation représente, sachant qu’un animal de moins de 450 kg n’est pas rentable non plus », ajoute Pascal. Jusqu’à présent, le prix de vente des bœufs a été plus faible de 0,30 €/kg que celui des femelles. Mais les éleveurs, désormais lancés sur ce créneau, espèrent créer un marché spécifique.Myriam Guillemaud