Au Gaec Chayriguès, dans l’Aveyron, les brunes font partie du paysage depuis plusieurs générations. Et Clément, Denis et Rémi Chayriguès, trois frères installés sur l’exploitation familiale, ne sont pas prêts à abandonner cette race, réputée pour produire un lait riche en matières utiles. Les excellents taux butyreux (TB) et taux protéique (TP) du troupeau se répercutent sur le paiement de leur lait, un point particulièrement appréciable aujourd’hui. « Nous avons été payés 356 €/1 000 l sur l’année, soit presque 60 € de plus que le prix de base », souligne Clément.

Les trois frères choisissent les taureaux en fonction de leurs performances sur ce poste. « Parmi nos critères, la matière utile du lait arrive en premier, avant les index fonctionnels. Même si nous regardons de plus en plus les aplombs, depuis que nous sommes passés en logettes, en 2013. » Les éleveurs veillent à ne pas utiliser de taureaux négatifs en taux. « Il peut y avoir une exception, par exemple s’il faut ramener beaucoup de lait sur une lignée, ou s’il faut corriger un défaut. »

Ainsi, l’une de leurs meilleures vaches, Avenir, associe longévité, quantité de lait et taux, mais sa mamelle est trop volumineuse. « Ce n’est pas un problème de l’inséminer avec un taureau un peu détériorateur en taux, s’il corrige ce défaut, souligne Clément. À condition qu’il ne soit que légèrement négatif ! » Avenir appartient, par sa mère Sirène, à une lignée faste pour les taux. Sa sœur Elsa voit son TB osciller entre 38 et 42, et son TP dépasse 36. Le Gaec compte utiliser de plus en plus de semence sexée, en vue « d’un progrès génétique plus rapide sur les taux ». Cette année, deux tiers des génisses et un tiers des vaches seront inséminées en semence sexée.

Conditions de récolte

La génétique ne fait pas tout. L’alimentation aussi est primordiale. « Nous insistons sur la qualité de l’ensilage d’herbe, soulignent les éleveurs. S’il est réussi, nous aurons des taux pendant l’hiver ! Nous nous focalisons sur les conditions à la récolte. » Le temps de séchage est d’au moins 48 heures. La récolte doit avoir lieu avant épiaison pour les graminées, et avant floraison pour la luzerne, « soit au plus tard du10 au 15 mai pour les graminées, et du 20 au 25 mai pour la luzerne, dans notre zone située à 700 mètres d’altitude, expliquent-ils. Puis, la météo dicte sa loi. Nous préférons décaler le chantier si le temps est incertain, malgré les difficultés liées à l’organisation en commun avec d’autres éleveurs. »

Sur les 160 ha , 60 ha sont implantés en luzerne et dactyle, 40 ha en prairies naturelles et 15 ha en ray-grass. La proportion luzerne-dactyle passe de 50-50 en première coupe, à 70-30 en deuxième et troisième coupes, le dactyle repoussant moins bien. « La première coupe est ensilée, et les deux suivantes sont récoltées en foin, qui est donc très riche en matière azotée », précise Clément.