«Nous sommes à notre douzième lot de poulets sans traitement antibiotiques, dans un poulailler de 1 500 m² », explique Stéphane Dahirel, producteur de volailles (6 500 m2 de bâtiments) avec son épouse Marie-Astrid à Lanouée, dans le Morbihan. Le bâtiment est équipé d’un traitement d’eau à base d’acide hypochloreux. « Grâce à cet équipement, nous avons limité considérablement les problèmes. Les analyses ne décèlent aucune présence de bactéries. »

Il est parti d’un constat : « Les volailles boivent deux fois plus qu’elles ne mangent. On doit s’intéresser à la qualité de l’eau. J’ai toujours chloré l’eau, réalisé des vérifications en bout de ligne, mais il arrive que la machine tombe en panne, qu’il n’y ait plus de produit… Ce n’était pas suffisant. » Il constatait aussi la présence d’un biofilm persistant dans les tuyaux. « Ces derniers sont longs, l’eau circule lentement, l’atmosphère est chaude, avec un apport de vitamines : un cocktail explosif pour la prolifération des bactéries… »

L’acide hypochloreux est un très fort oxydant pour désinfecter l’eau. Un procédé simple consiste à électrolyser de l’eau salée pour produire son propre désinfectant (lire l’encadré). Stéphane et Marie-Astrid investissent dans le process à la fin de l’année 2013. Il faut plusieurs mois pour que les tuyaux soient bien nettoyés. « Mais aujourd’hui, lors du vide sanitaire, nous ne procédons plus au nettoyage classique du système (base et acide). Nous purgeons juste le circuit au démarrage. Ainsi, nous ne trouvons plus ce film gras au toucher dans les tuyaux. »

Le couple a aussi appris que, pour évaluer la désinfection en bout de ligne, un système simple consiste à relever la conductivité de l’eau en mesurant son potentiel d’oxydoréduction (potentiel redox). Pour une eau de qualité, la mesure doit être supérieure à 700 mV. Or l’eau du réseau affiche environ 300 mV. C’est pourquoi Stéphane a creusé un puits afin d’utiliser de l’eau de source pour arriver à 850/900 mV.

Résultats améliorés

La machine a coûté 33 000 € mais elle alimente trois bâtiments (4 500 m²). Le coût de fonctionnement se limite à l’électricité et au sel à raison de 0,20 €/m3 d’eau traitée. Et les résultats sont là. « Nos frais vétérinaires sont de 2 €/m²/an. C’est moitié moins qu’avec les antibiotiques. »

Les résultats techniques se sont améliorés, avec un recul de la mortalité (plus de colibacillose) et moins de baisse des performances (GMQ, IC), qui se détérioraient auparavant dans les périodes à problème. « Nous avons gagné 10 à 12 €/m²/an sur la marge poussin aliment, sachant que les vides sanitaires sont bien plus courts ces derniers temps. »