Jean-Paul et Joël Huc élèvent une centaine de mères de race gasconne des Pyrénées à Cahuzac-sur-Vère, sur les coteaux du Gaillacois dans le Tarn. À leur passage en agriculture biologique en 2013, les associés troquent progressivement leurs vaches blondes d’Aquitaine contre des gasconnes, et réduisent les effectifs pour accroître l’autonomie alimentaire.

Profitant d’avoir encore un taureau blond à la ferme, ils s’essaient au croisement sur quelques-unes de leurs vaches. « Nous avons été très satisfaits du résultat », témoignent-ils, décrivant des veaux plus conformés, avec davantage d’épaisseur. « Nous gagnons environ 50 kg de viande nette en comparaison à un produit de race pure gasconne », appuie Joël.

Choisir le bon taureau

Les deux frères pratiquent également le croisement terminal sur une partie de leurs génisses. « Nous sélectionnons des femelles à gros gabarit dotées d’un bassin large pour garder des vêlages faciles », indique Jean-Paul. Quant au choix du reproducteur en monte naturelle, les éleveurs privilégient des mâles de gabarit modéré, avec un caractère culard peu prononcé. Sur la dernière campagne, les 17 génisses triées pour le croisement ont vêlé sans aucune assistance. « Pour les vaches, nous choisissons des taureaux blonds de petit gabarit, très ronds, avec une belle épaisseur du dessus », poursuit Jean-Paul. En termes de sélection génétique, le croisement terminal est réservé aux mères peu conformées, moins bonnes productrices en lait ou caractérielles. « Cela nous permet de les garder encore une année avant la réforme. »

 

Tous les ans, le Gaec Istricou valorise une trentaine de génisses croisées en vente directe. Au sevrage à l’âge de 8 mois, ces dernières sont réparties par lot de six à huit dans le bâtiment d’engraissement. Équipés d’un aplatisseur ainsi que d’une mélangeuse depuis leur conversion en bio, les éleveurs distribuent trois bols par semaine composés de 1 200 kg de luzerne de troisième coupe, de 800 kg de méteil orge, blé, petit pois, vesce et de 200 kg de maïs grain pour 60 bêtes. « Tout est produit sur l’exploitation hormis le maïs, acheté à un céréalier bio voisin », précise Jean-Paul.

Des perspectives pour les mâles

Sur la voie mâle, les deux frères songent à conserver leurs broutards pour valoriser la viande de jeunes bovins croisés en circuits courts. Une orientation encouragée par le Groupe Gasconne des Pyrénées, l’organisme de sélection (OS) de la race. Les éleveurs sont en quête de débouchés en restauration collective pour consolider leur projet. Lucie Pouchard