Pas d’huiles essentielles ni de médecine alternative pour réduire la consommation d’antibiotiques chez Philippe Launay. À la tête d’un troupeau de quarante prim’holsteins avec un associé, Louis-Marie Besnard, cet éleveur de Mesnil-en-Vallée (Maine-et-Loire) allie prévention et meilleur usage des antibiotiques. « Mes premières décisions datent de 2012. Plutôt qu’un antibiotique systématique au tarissement, j’ai commencé à utiliser des obturateurs, tout en contrôlant le niveau de cellules de chaque vache », explique-t-il. Progressivement, Philippe a établi des seuils d’intervention. Aujourd’hui, à moins de 100 000 cellules pour une primipare et moins de 150 000 pour un animal en deuxième ou troisième lactation, il s’en tient au seul obturateur. Lorsque le nombre de cellules est plus élevé, il prélève et fait analyser, depuis la campagne 2016-2017, le lait de chaque quartier. « Ainsi, je sais précisément quels quartiers doivent être traités. » Cette approche réduit jusqu’à 50 % les frais liés au tarissement.
Au chapitre de la prévention, l’éleveur s’est penché sur l’alimentation des vaches, introduisant jusqu’à 20 % d’herbe ensilée ou enrubannée dans la ration d’hiver à base de maïs ensilage : « En apportant davantage de fibres, j’ai amélioré la rumination et j’ai réduit les pathologies digestives. L’hiver dernier, j’en ai recensé une seule, un problème de caillette sur une vache tarie, contre en moyenne trois à quatre antérieurement. » Convaincu que la réduction des antibiotiques « passe par un ensemble de mesures », Philippe fait aussi parer ses animaux depuis 2015. « Mon cabinet vétérinaire est équipé d’une cage et vient deux fois par an », ajoute-t-il. En juin, treize bêtes ont été examinées : toutes celles qui boitaient, dont les sabots fléchissaient, qui restaient souvent couchées ou évitaient d’aller au champ. « Cela demande un peu d’observation, et la prestation coûte 15,40 € HT par animal, mais c’est peu comparé au prix d’un antibiotique et aux pertes de production d’un animal malade. »
Hygiène renforcée
Les mesures d’hygiène ont également été renforcées. « Je nettoie les logettes deux fois par jour et je mets dans chacune 8 kg de paille. C’est beaucoup, mais ça joue sur la propreté. De la même manière, je cure les cases des génisses, qui sont sur litière accumulée, toutes les trois semaines. » Depuis 2014, « pour éviter que les itinéraires des acheteurs de veaux se croisent », les veaux mâles et femelles sont séparés. Tous sont désormais nourris à la poudre de lait, et les seaux lavés après chaque utilisation.
Dernière carte en main : la sélection. « Il y a un réservoir de possibilités pour aller vers moins d’antibiotiques », estime Philippe qui, depuis cet hiver, fait génotyper ses génisses. « La prestation coûte 50 € par animal, mais elle est amortie en une lactation. À charge pour moi de choisir des taureaux qui apportent un avantage “santé”, au niveau de la mamelle, de la fécondité ou encore de l’acétonémie… »