La ferme expérimentale de Jalogny (Saône-et-Loire) mène des essais sur la conduite de broutards charolais repoussés à l’herbe. Le but est de produire des animaux de 400 kg vifs à neuf mois. Pour ce faire, trois déterminants majeurs sont mis en avant.
« La production laitière de la mère est un atout essentiel pour la croissance du veau, qui consomme au total 1 500 à 2 500 kg de lait, explique Julien Renon, responsable de la ferme. Les conditions de pâturage étant très aléatoires en automne, il ne faut pas hésiter à sécuriser l’alimentation des mères qui vêlent à cette période, par un apport de fourrages, voire de concentrés, de septembre à novembre. Une sous-alimentation des vaches à ce moment clef pénalise non seulement le veau, mais également les performances de reproduction en stabulation. » L’analyse des fourrages est essentielle pour calculer une ration hivernale adéquate.
Rationnement en hiver
« La complémentation des veaux se raisonne en fonction de l’objectif de croissance, dans notre cas 1 300 g par jour », ajoute Julien Renon. Pendant deux ans, le complément était distribué à volonté. « Nous observions une croissance très élevée l’hiver, jusqu’à 1800 g par jour. Au retour à l’herbe, en revanche, elle était plafonnée à 1100, voire 1 200 g. » L’équipe a donc décidé de rationner, pour ne pas amputer le gain de poids à l’herbe, plus économique. « En zone allaitante herbagère du nord du Massif central, il faut aller chercher un maximum de kilos avec l’herbe, donc privilégier une croissance régulière et inférieure à 1 500 g par jour », souligne-t-il.
Pour déterminer la quantité d’aliment à distribuer durant la phase hivernale, l’équipe de Jalogny a suivi la croissance de deux lots de veaux, deux années de suite. En plus du foin à volonté, le premier lot recevait 1,5 kg de prémix pour 100 kg de poids vif et le second n’en recevait que 1 kg. Au pré, les deux lots recevaient 2 à 3 kg d’aliment. « La première année, l’avantage économique allait au lot le plus complémenté, explique Julien Renon. L’année suivante, c’était l’inverse. »
Les conditions de pâturage lors du lâcher des veaux au printemps et le prix de l’aliment sont déterminants. Une complémentation supérieure sécurise le système, car les animaux sont légèrement plus lourds lors de la mise à l’herbe. Un éleveur qui maîtrise bien son pâturage pourra se permettre de réduire un peu l’apport en concentré.
Julien Renon recommande de peser les veaux en milieu d’hiver et à la sortie du bâtiment, pour détecter tout retard de croissance et adapter au mieux le niveau de complémentation.