«Faucher plus tôt permet de récolter davantage d’énergie et de protéines par hectare, et ce quelles que soient les espèces utilisées dans les prairies  », observe Pascal Le Cœur, responsable de la station expérimentale de Trévarez dans le Finistère. Entre 2014 et 2017, un essai a été conduit sur une prairie de fauche composée de ray-grass hybride et de trèfle violet (RGH-TV). L’objectif : comparer l’effet d’une première coupe au stade épi 15 cm de la graminée, avec une coupe plus tardive au stade montaison.

Sur quatre années de récolte, la station finistérienne enregistre un gain moyen de 0,1 UFL, 25 g de PDIN et 11 g de PDIE par kilo de matière sèche (MS). « Une récolte précoce accroît également la proportion de légumineuses dans les prairies, complète Jean-Marc Seuret, de la chambre d’agriculture de Bretagne. En revanche, la production de biomasse est en retrait. Sur la station de Mauron (Morbihan), on estime un rendement en MS inférieur de 11  % sur du ray-grass hybride pur, par rapport à une récolte au stade montaison. Mais cela permet au fourrage de sécher plus rapidement. »

Faucher plus tôt, c’est aussi récolter plus souvent. « À Trévarez, sur le mélange RGH-TV, le temps de repousse est de quatre à cinq semaines en fauche précoce, contre six à sept semaines en fauche tardive, relève Pascal Le Cœur. Sur une année fourragère, cela permet de réaliser jusqu’à cinq coupes pour une récolte à épi 15 cm, contre trois coupes au stade montaison. »

Heures supplémentaires

Toutefois, le nombre de coupes pèse sur le temps de travail. Avec deux fauches additionnelles en récolte précoce, la station de Trévarez comptabilise en moyenne 2 h 17 de travail supplémentaire par hectare, soit 9 h 52 au total. L’évolution du coût de récolte va de pair. « Selon les années, le coût supplémentaire de la tonne de MS récoltée varie de 18 € à 28 €, affirme Pascal Le Cœur. Il faut également prendre en compte le besoin de main-d’œuvre pour réaliser ces travaux. » Un surcoût en partie compensé par de meilleures performances du troupeau laitier (lire l’encadré ci-dessous). Enfin, une révision de l’assolement est également à envisager. « Dans une stratégie de récolte précoce de l’herbe, il faut prévoir des surfaces de prairie de fauche supplémentaires pour compenser le moindre rendement en biomasse », avertit Pascal Le Cœur.