Il n’y a pas que le génome dans la vie, il y a l’épigénome aussi ! Ce dernier est défini comme l’ensemble des mécanismes biochimiques modifiant l’expression des gènes sans modification de l’ADN. « Il donne aux êtres vivants une faculté à s’adapter à leur environnement bien plus rapidement que par le seul mécanisme de la sélection naturelle », expliquait Yann Martinot, directeur scientifique et technique de l’organisme de conseil en élevage Elv’up, lors de l’assemblée générale le 12 juin.

Cet aspect est essentiel dans la préparation du potentiel de lactation futur de la vache tarie. C’est ce qui ressort de plusieurs travaux de recherche internationaux sur l’épigénétique, la science qui étudie les mécanismes d’expression du génome. Ils ont notamment démontré, ces dernières années, que l’environnement induit des mécanismes biochimiques qui amplifient, inhibent ou changent l’expression des gènes, et ceci de façon plus ou moins durable pour l’animal, et plus ou moins transmissible à la descendance.

Potentiel de 2 000 litres

Pour la vache laitière, l’épigénome se construit et se modifie en permanence, mais certains moments clés ont été décelés, en particulier le début de la gestation, lors des cinquante premiers jours de la vie du veau, ainsi qu’au tarissement. Elv’up estime que, pendant les cinq semaines du tarissement, ce sont 2 000 l de production en moyenne sur la lactation à suivre qui se jouent du fait de l’épigénome. « C’est une période critique, avec une reprogrammation des mamelles ! », indique Yann Martinot.

Pour l’éleveur qui souhaite améliorer le capital « épigénétique » de son troupeau, le premier stress à éviter pour la vache tarie est celui d’une ration pas assez calorique ou protéinée. « Il faut viser 12 à 15 % de MAT (matière azotée totale), conseille Yann Martinot. Par ailleurs, les liens entre mycotoxine et baisse du potentiel de production lié à l’épigénome ont été clairement démontrés. Aucun risque ne devrait être pris avec les vaches taries, ni avec les autres animaux reproducteurs. »

Les fièvres de lait constituent la deuxième source de stress à éviter prioritairement lors de la préparation au vêlage. La constitution d’un lot d’animaux dédié à deux ou trois semaines du vêlage, couplé à un dispositif de prévention à base de sels anioniques et de compléments en calcium, phosphore et magnésium, est l’idéal. « Je préconise de faucher avant un parcours à l’herbage pour être certain d’apporter la ration juste. » Yann Martinot conseille également de réduire les stress sociaux en mettant à disposition 12 m² de bâtiment par vache, et de prémunir au maximum le lot d’un stress thermique (jamais plus de 20 °C).