Àl’âge de quatre mois tout est joué en ce qui concerne l’appareil digestif du broutard. La proportion de son rumen n’évoluera plus. Si, à la naissance, la panse ne représente que 20 % des réservoirs gastriques, au bout de 120 jours, elle doit atteindre 80 % du volume total. Dans le cas contraire, la croissance de l’animal sera forcément ralentie par rapport à son potentiel. À l’extrême, l’animal reste de petite taille, il est hirsute, ballonné et maigrit après le sevrage.
Afin d’éviter cette situation, le lait doit être complémenté, dès le plus jeune âge de l’animal, de fibres ainsi que de concentrés. « À deux semaines, le veau est à même de manger déjà des aliments solides », assure Guillaume Forgeat, vétérinaire à Digoin, en Saône-et-Loire (1). Les fibres favorisent l’étirement du rumen. Celui-ci prend du volume, par conséquent, la capacité d’ingestion augmente.
Aliment complémentaire fabriqué à la ferme
Les concentrés ont, quant à eux, une action positive sur le développement des papilles ruminales, en nombre et en taille, favorables à l’absorption des nutriments. Ils boostent également la production d’acides gras volatils dans le rumen, et stimulent ainsi le développement de la flore microbienne, augmentant la capacité de digestion. « Attention à l’apport de fibres sans concentrés, prévient le vétérinaire. La panse sera volumineuse mais le nombre de papilles restera insuffisant. » Même s’ils sont parfois coûteux, il vaut mieux éviter l’impasse de la distribution de concentrés.
Pour limiter les frais, l’aliment complémentaire peut être fabriqué à la ferme, à condition d’éviter les matières premières comme l’urée, les tourteaux de tournesol ou d’arachide. L’ensilage est aussi déconseillé avant l’âge de six mois. Les amidons à « longue chaîne » et les protéines de bonne qualité sont à privilégier. L’aliment comprenant 25 % de maïs grain, 25 % de pulpes, 25 % de luzerne, 25 % de tourteau de soja ou de colza avec un complément minéral vitaminé (CMV) constitue par exemple un complément intéressant. Il convient, concernant la fabrication fermière, de viser une composition de 1 UFL, 18 % de MAT et 12 % de cellulose brute environ.
« Si l’on veut que les fibres et les concentrés soient correctement dégradés, les veaux doivent disposer d’eau et de sel en quantité suffisante », insiste le vétérinaire. Il est donc important de prévoir un abreuvoir dans le box des veaux. À défaut, de veiller au moins à ce que ceux des vaches leur soient facilement accessibles.
(1) Intervention lors des matinées techniques organisées par le GDS de Saône-et-Loire dans le cadre du plan EcoAntibio financé par le ministère de l’Agriculture.