Des croissances supérieures pour les animaux qui pâturent des prairies composées de plantes riches en tanins, mais des excrétions d’œufs de strongles gastro-intestinaux (SGI) toujours aussi importantes : tels sont les résultats de deux années de tests au Centre d’information interrégional en production ovine (Ciirpo).
Entre juin 2017 et juillet 2018, la ferme expérimentale du Mourier (Haute-Vienne) a cultivé une parcelle alicament composée de chicorée, de plantain et de lotier. Elle était valorisée par un lot de 25 agneaux en cure de dix jours, en alternance avec une prairie multi-espèces. Parallèlement, un autre lot de 25 agneaux était conduit en pâturage tournant sur deux parcelles « témoins » de prairies multi-espèces. La rotation intervenait tous les dix jours également. Des coprologies et des pesées ont été réalisées tous les quinze jours. Les agneaux en cure et « témoins » pesaient en moyenne, respectivement 30 et 26 kg. « La sécheresse en 2018 nous a amenés à interrompre l’expérimentation à la fin du mois d’août », précise Denis Gautier, directeur du Ciirpo.
Performances plus élevées
Chaque année, les GMQ (gain moyen quotidien des agneaux) « soumis » aux cures des plantes à tanin sont restés supérieurs. L’écart de 17 % la première année, en faveur du lot alicament, n’a pas été totalement confirmé en 2018, puisqu’il n’était que de 8 %.
La composition de la flore de la parcelle alicament, vraisemblablement liée aux conditions météo, était très différente d’une année sur l’autre. Si la chicorée a toujours été dominante, le plantain occupait une place importante (30 à 35 %) en 2017, alors que le lotier était minoritaire. En 2018, l’inverse s’est produit : ce dernier représentait un tiers de la flore, alors que le plantain avait quasiment disparu.
Du côté des parasites, les excrétions de SGI ont explosé en 2017 pour les deux lots d’agneaux à partir du mois d’août. Les coprologies affichaient des résultats autour de 6 000 œufs par gramme dans les deux cas. En 2018, les excrétions étaient toujours comparables pour les deux lots, mais beaucoup plus faibles.
Des pistes à explorer
De nombreuses questions restent en suspens, et d’autres expérimentations seront conduites en 2019 pour tenter de déceler l’effet des plantes à tanin. Plusieurs sites de l’Inra et des lycées agricoles prendront part à la recherche dans ce projet prévu sur trois ans, et qui porte le nom de Casdar FASTOChe.
« La durée des cures des protocoles au cours des deux années d’essais n’était peut-être pas adaptée, avance Denis Gautier, directeur du Ciirpo. Y a-t-il des interactions entre les espèces végétales ? Comment évolue la teneur en tanins dans les plantes ? Ces différentes hypothèses seront mises à l’épreuve. »
Pour cela, le plantain, la chicorée et le sainfoin seront cultivés en pur et « testés » en cure ou en pâturage continu. Les essais porteront sur des agneaux, des brebis en production et des chèvres. En plus de l’excrétion, l’infestation sera mesurée via l’analyse du tube digestif. M.-F. M