Chez Bruno Marty, chaque truie est logée dans une case liberté paillée de 9 m². « Je ne les bloque que durant quelques jours après la mise bas, afin de limiter l’écrasement des porcelets. J’en profite pour castrer les mâles, puis je les libère », explique l’éleveur de Sainte-Léocadie, dans les Pyrénées-Orientales. Installé sur 60 ha, il élève aussi quarante-cinq vaches aubracs.

Détecteur de chaleurs

Faute de pouvoir s’agrandir, Bruno se diversifie en 2006 en engraissant des porcs pour la filière locale Tirabuixo. Fin 2019, il élargit son activité au naissage. Tous les animaux sont élevés sur paille. « J’ai installé un plancher au-dessus de la zone d’alimentation, sur lequel je stocke des bottes, précise-t-il. Je n’ai plus qu’à faire tomber de la paille tous les deux ou trois jours, c’est rapide. » Les gestantes sont logées dans une salle collective équipée d’un distributeur automatique de concentré (DAC), qui lui permet d’ajuster la ration de chaque animal à son état.

En liberté, les truies expriment mieux leurs chaleurs. Un détecteur repère la truie qui vient renifler la case du verrat durant plus de deux minutes, et envoie une alerte sur l’ordinateur de l’éleveur. Celui-ci n’a plus qu’à vérifier si l’animal est prêt pour l’insémination. Bruno n’utilise les cases individuelles qu’à ce moment-là. « J’y laisse les truies deux ou trois jours, le temps que leurs chaleurs soient finies », poursuit-il. Il les place ensuite quelques jours dans un box à l’entrée de la salle collective avant de les réintégrer au groupe : « Je fais de même pour celles qui reviennent de la maternité. Cela évite les bagarres. »

À la première mise bas dans la nouvelle maternité, l’éleveur a sevré, en moyenne, onze porcelets par mère, puis seize pour la deuxième.

 

 

Des carcasses de 110 kg

Après le postsevrage, les porcs sont regroupés par lots de trente à quarante dans un bâtiment, où ils restent six semaines. « Je les trie ensuite en fonction de leur poids, pour faire des lots homogènes de treize à seize animaux à l’engrais », précise Bruno.

L’aliment de finition lui revient à 260 €/t. Le gain moyen quotidien (GMQ) s’établit entre 700 et 750 g. Les bâtiments d’engraissement ne sont pas chauffés, mais sont bien isolés et ventilés. « À 1 200 m d’altitude, la croissance se ralentit légèrement l’hiver », confie-t-il.

L’éleveur engraisse mille à mille deux cents porcs par an. Abattus entre sept et huit mois d’âge, ceux-ci donnent des carcasses d’un poids moyen de 110 à 120 kg. « Leur viande a du persillé, les clients apprécient », relève Bruno. Avec un prix de vente calé en fonction des coûts, cet atelier lui fournit aujourd’hui la moitié de son revenu, sans dépendre des primes. « À la veille d’une nouvelle Pac, c’est une sécurité », souligne-t-il.

Frédérique Ehrhard