Utiliser quatre fois moins de tubes antibiotiques qu’en traitement systématique pour un même taux de guérison pendant la période sèche, c’est l’objectif de Vincent Viard, vétérinaire dans le Tarn. Il a testé un protocole de détection fine dans un élevage laitier de sa clientèle (1), qui lui permet d’établir un diagnostic à l’échelle du quartier. Pour cela, il couple les données du contrôle laitier, un CMT (California Mastitis Test), une analyse bactériologique et un antibiogramme.
« Le traitement sélectif au tarissement se heurte à une difficulté : bien discriminer les quartiers infectés à traiter et les quartiers sains à tarir avec un obturateur seul, explique-t-il. Pour réaliser un tarissement sélectif, il faut être sûr de ne pas avoir d’infection. Or, avec les seules données du contrôle laitier, on obtient une moyenne des concentrations cellulaires des quatre quartiers. Le taux moyen peut être modéré alors qu’un seul quartier est atteint. On traite alors les quatre, y compris les sains, consommant plus d’antibiotiques que nécessaire. Ou à l’inverse, on ne traite pas, alors qu’il aurait été nécessaire de le faire sur un quartier. »
Le protocole a été décrit lors des Journées nationales des GTV (2). L’éleveur fournit un prélèvement de lait de chaque quartier de la vache à tarir, ainsi que les résultats du contrôle laitier (CCI, évolution des CCI et mammite clinique sur les trois derniers mois). En se basant sur les résultats du CMT, puis sur une mise en culture des prélèvements, le vétérinaire peut affiner son conseil : obturateur seul si tous les trayons sont sains, obturateur et traitement antibiotique adapté au germe identifié sur les trayons infectés. L’antibiogramme en cas d’infection à staphylocoque lui permet de préconiser une molécule contre laquelle aucune résistance n’est développée.
(1) 130 prim’holsteins à 9 250 litres/VL, avec une moyenne annuelle à 200 000 cellules/ml.
(2) Les Journées nationales des groupements techniques vétérinaires se sont déroulées du 17 au 19 mai à Reims.