Le herd-book charolais (HBC) a analysé l’impact technico-économique des conditions de naissance (CN) des veaux et de l’utilisation des taureaux vêlage facile (VF). L’étude porte sur 1,2 million de veaux, nés entre 2008 et 2018.
Sans surprise, les poids de naissance extrêmes impactent le taux de survie des jeunes. Pour un poids compris entre 42,5 et 55 kg, le taux de survie à sept mois est supérieur à 93 %. Environ 83 % des veaux se situent dans cette plage. Au-delà, les conditions de naissance se dégradent. « Celles-ci résultent de l’interaction entre le gabarit du nouveau-né et la capacité au vêlage de la vache, rappelle Aude Torrent, la directrice technique du HBC. Cette capacité est elle-même dépendante de l’âge et du rang de vêlage. » Pour une première mise bas à deux ans, le pourcentage de vêlage tranquille (sans aide ou avec aide facile) passe sous la barre des 90 % lorsque le veau pèse plus de 43 kg. Alors que dans le cas de multipares, le poids seuil monte à 57 kg (voir infographie).
Les vêlages difficiles sont ceux qui impactent le plus la survie du jeune (75 % après sept mois), car ils sont souvent synonymes de souffrance du couple mère-veau. En cas de césarienne, le taux de survie est de 86 %.
La façon dont se déroulent les vêlages a aussi une incidence sur les performances des mères. Lors d’un vêlage difficile, la vache est réformée dans 40 % des cas ou voit son intervalle vêlage vêlage (IVV) augmenter de dix jours (392 jours en moyenne). En cas de césarienne, l’IVV s’allonge de quarante-six jours par rapport à une parturition tranquille, et le taux de réforme est doublé (58,4 %).
« Il faut raisonner le poids du veau en fonction de la capacité au vêlage de la mère, résume la directrice technique. Sur les génisses et les primipares, on privilégiera des taureaux VF, en se basant sur leurs IFNAIS, et leurs CN et poids de naissance, deux caractères fortement héritables. » L’utilisation de taureaux à IFNAIS supérieur à 106 sur les génisses, par rapport à ceux à IFNAIS inférieur à 100, diminue le poids à la naissance de 2,8 kg, divise le nombre de césariennes par 3,2, le taux de mortalité avant sevrage par 1,3, et augmente de 2 kg le PAT210 (poids à âge type).
Prêter attention à l’AVel
« Utiliser des taureaux VF sur l’ensemble des vaches est une erreur, avertit Aude Torrent. Dans ce cas, par rapport à un plan d’accouplement raisonné où ils sont réservés aux génisses et primipares, le PAT210 se dégrade de 4 kg. Surtout, la progression de la sélection sur d’autres critères, comme les qualités maternelles des velles, risque d’être moins rapide. » Il est en effet peu fréquent qu’un taureau présente simultanément de très bons index IFNAIS et AVel. « L’AVel, qui traduit l’aptitude d’une vache à vêler facilement, est synonyme de bassin large, donc d’une moindre prédisposition à naître facilement. Pour assurer un bon renouvellement du troupeau, c’est sur cet index qu’il faut porter son attention lors du choix du taureau destiné aux multipares. » Valérie Scarlakens