«Une teneur de 100 g de PDI par kg brut suffit dans l’aliment des agneaux en engraissement », assure Laurence Sagot, de l’Institut de l’élevage. C’est le résultat d’une étude conduite entre 2016 et 2018 sur cinq sites (1). Deux concentrations différentes en protéines, 100 g et 110 g de PDI/kg brut d’aliment étaient distribuées à deux lots d’animaux distincts. « Dans les deux cas, la croissance des agneaux est restée soutenue, entre 300 et 350 g par jour pour les mâles, explique-t-elle. La tendance était la même pour les femelles. Les mesures conduites en cases individuelles ont montré qu’une partie de l’azote habituellement rejeté était en fait recyclé pour les animaux à forte croissance. »
Lors des suivis en abattoir des animaux soumis aux différents régimes, aucune différence n’a été observée sur les niveaux de gras sur les carcasses, qu’il soit externe, interne, ou autour des rognons. La couleur et la fermeté (des gras) étaient également comparables sur l’ensemble des carcasses quels que soient les régimes ou le sexe des animaux. Résultat : les soldes sur coût alimentaire étaient voisins sur la totalité des sites expérimentés.
« Attention, la teneur en matière azotée totale (MAT) ne suffit donc pas pour choisir son aliment », insiste Laurence. Et le coût de l’UF est un autre élément à considérer pour repérer l’aliment idéal. Il convient donc de sortir sa calculette. « Peu importe la teneur en énergie du concentré, car l’agneau régulera lui-même ses besoins dans la limite de 0,85 UFV. « Ainsi, si l’aliment comprend, 0,92 UFV et que l’agneau en consomme 1,3 kg par jour, le même animal en mangera 1,4 kg si la teneur en énergie n’est que de 0,86 UFV », assure Laurence Sagot.
Choisir des mères laitières
Le concentré qui aura le meilleur rapport qualité/prix comprend donc 100 g de PDI et un coût ramené à l’UF le moins cher. Une grande partie de la marge de l’animal se joue toutefois avant l’entrée en engraissement. « La production laitière des mères est essentielle dans l’élaboration du résultat économique », insiste l’experte. Un essai conduit en 2018 au Ciirpo sur deux lots de 20 agneaux du même âge sevrés à des poids différents (29 kg et 23,6 kg) a montré que le solde sur coût alimentaire était de 105 € par tête en moyenne pour les plus gros, contre 95 € par tête pour les plus petits. La durée d’engraissement était de 30 jours pour le lot de 29 kg, contre 40 jours pour ceux de 23,6 kg, ce qui a entraîné une consommation d’aliment proche de 48 kg pour les petits, soit 14 kg de plus que pour les gros ! M.-F. M.
(1) Au Ciirpo sur le site du Mourier (Haute-Vienne), à l’EPLEFPA de Figeac (Lot), sur la ferme expérimentale de Carmejane (Alpes-de-Haute-Provence), à Charolles en Saône-et-Loire, et à l’Inra de Theix dans le Puy-de-Dôme (en case individuelle).