La coccidiose est une maladie parasitaire de bâtiment. En milieu contaminé, les coccidies sont avalées par les agneaux dès leur naissance. Ces parasites se développent en quinze jours à trois semaines. Pendant cette période, il n’y a ni ponte, ni symptômes. En revanche, à l’intérieur de l’intestin du petit ruminant, les coccidies sont à l’œuvre, détruisant les cellules avant d’être éjectées dans la litière.
Dès lors que 20 000 coccidies sont excrétées, les signes cliniques apparaissent : perte de poids (de 10 à 30 %), laine piquée et sèche, diarrhées, entérotoxémies ou helminthiose. « Les agneaux sont touchés entre un et deux mois, une fois qu’ils ne sont plus protégés par l’immunité naturelle assurée par le lait de la mère », précise Edwige Bornot, vétérinaire en Côte-d’Or et formatrice.
« Sur un lot déjà très infecté, un changement alimentaire, une forte infestation par les ténias, des conditions climatiques défavorables (froid et humidité, forte chaleur), des conditions d’élevage et de transport néfastes peuvent entraîner une flambée de coccidiose clinique », souligne Christophe Rainon, de la chambre d’agriculture de la Nièvre
La prévention passe par l’amélioration des pratiques d’élevage et d’hygiène. Pour limiter les facteurs prédisposant à l’infection, la prise de colostrum en quantité et qualité doit être vérifiée. Afin de favoriser l’implantation du microbiote intestinal, toute utilisation systématique d’antibiotique à la naissance doit être évitée. Il convient également de prévenir les carences nutritionnelles des mères, en oligo-éléments et vitamines, en particulier. Ces déficiences induisent des comportements de pica et de coprophagie, qui augmentent considérablement les contaminations…
Du vinaigre dans l’eau
Dosé à 1 % dans l’eau de boisson, le vinaigre de cidre contribue également à réduire les risques d’infection. C’est un anticcocidien. À défaut d’une pompe doseuse, la présence de bacs d’eau, peu fréquente en bergerie, est nécessaire.
Outre un accès aux abreuvoirs, une bonne distribution de l’alimentation ainsi qu’une consommation suffisante de fibres, sont essentielles. Une ration mal distribuée ou des excès de céréales liée à la recherche d’une croissance importante augmentent les risques de pathologie. « La ration des agneaux ne doit jamais comporter plus de 60 % de concentrés », rappelle Edwige Bornot.
Mettre à disposition de la paille appétente est également important. « Une paille non serrée, distribuée tous les jours, stimule l’ingestion et fait doubler la consommation. »
Par ailleurs, traiter les agneaux malades ne suffit pas. Il est important de décontaminer l’environnement. Grâce à leur forme protégée (ookystes), les coccidies peuvent, en effet, résister longtemps dans le milieu extérieur. En système herbager, il est possible de profiter de la mise à l’herbe pour faire un vide sanitaire, en curant et désinfectant le bâtiment lorsqu’il est vide. C’est seulement dans ces conditions que la pression d’infection diminue. « Si le nettoyage est réalisé trois jours avant le retour des animaux en bergerie, même si le bâtiment est resté vide six mois, il n’a aucun effet », pointe Edwige Bornot.
Anne Bréhier