La race normande fait partie de l’ADN de l’EARL Lange Delacour, située à Saint-Jacques d’Aliermont, en Seine-Maritime. Et cela n’est pas près de changer, vu l’excellent niveau génétique du troupeau et les 9 000 l de lait produits par vache et par an. Aujourd’hui, c’est Quentin Delacour, jeune installé depuis 2020, et son oncle Denis Lange qui tiennent les rênes de cet élevage de 70 laitières. Gautier Delacour, l’apprenti de l’EARL, frère de Quentin et potentiel futur associé, est tout aussi passionné de génétique normande qu’eux.
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Confiance à l’inséminateur
Pour maintenir le niveau génétique actuel, les éleveurs accordent leur confiance à l’inséminateur pour effectuer les accouplements et suivent avec attention la morphologie et les qualités de la mamelle de leurs pensionnaires. Quelques vaches prometteuses sont également achetées à l’extérieur. L’insémination des génisses est confiée à un taureau élevé sur la ferme. Tous les veaux mâles sont élevés en jeunes bovins et certains sont vendus en tant que taureaux reproducteurs.
Avec une race mixte, le produit viande n’est pas négligeable pour l’exploitation. Adhérents de la section bovine de la coopérative NatUp, les exploitants souscrivent des contrats avec des prix fixés à l’avance. « C’est sécurisant et cela nous évite de devoir négocier la vente pour chaque animal », confirme Quentin. Les agriculteurs ont notamment conclu un contrat pour la vente de jeunes bovins normands pour Bigard Socopa. D’autre part, ils espèrent pouvoir commercialiser prochainement la viande charolaise issue du troupeau allaitant de 20 vaches dans un nouveau circuit étudié par la coopérative.
Souplesse du cahier des charges
Le troupeau laitier n’est pas en reste. L’élevage a pris le train en marche lorsque NatUp a engagé des discussions avec Lidl et l’abattoir Bigard Socopa pour créer une filière à prix garanti pour les vaches, les génisses ou les bœufs de race normande. Presque deux ans après le lancement, ils estiment que le compte y est. « La viande est rémunérée 3,63 €/kg de carcasse, contre 3,10 à 3,30 € auparavant », note Denis.
Les agriculteurs participent aux réunions importantes sur la filière. Quentin a été sollicité pour communiquer sur son métier et sur la démarche avec Lidl au Salon de l’agriculture en 2020. « Cela fait partie du jeu, de participer tous ensemble à défendre une image, une qualité et un prix de vente auprès du consommateur », explique-t-il. L’enseigne de distribution met d’ailleurs en avant le côté humain sur les barquettes commercialisées en rayon avec des photos de différents exploitants impliqués. Les deux éleveurs sont, pour l’instant, passés à travers les mailles du filet. Ils savent que leur tour viendra peut-être, au fil des besoins de visuels pour les équipes marketing du distributeur.
« Le cahier des charges de Lidl est finalement très souple, estime Denis. Les vaches vendues doivent être de race normande, bien évidemment, et ne pas avoir plus de dix ans. Le classement de carcasse doit être de “O égal” minimum, avec un état d’engraissement de 2 ou 3. Le gabarit est le point le plus contraignant. Il ne doit pas dépasser 340 à 420 kg. C’est la condition pour pouvoir commercialiser des morceaux en barquettes. Pour cette raison, nous vendons les vaches directement en fin de lactation, sans finition particulière. »
« Compte tenu de la plus-value, nous essayons de faire rentrer toutes nos vaches dans la filière, ainsi que les génisses jumelles infertiles. Nous dépassons parfois les gabarits ou les âges, complète Quentin. Malgré cela, nous parvenons à faire passer entre 20 et 25 animaux par an. »
A. Dufumier