Alors que le Parti conservateur cherche un remplaçant à son leader et ancien Premier ministre Boris Johnson, les agriculteurs évaluent la nouvelle stratégie alimentaire lancée par le gouvernement, le 13 juin 2022. Son objectif est d’améliorer l’autonomie alimentaire du pays pour augmenter sa sécurité alimentaire. Une stratégie qui paraît d’autant plus importante au regard de la situation de déséquilibre sur les marchés créés par la guerre en Ukraine.

Zéro émission nette d’ici à 2050

Le gouvernement veut accompagner les agriculteurs pour produire plus, tout en respectant un cadre. Un plan va être mis en place pour aider les agriculteurs à produire plus de nourriture tout en atteignant des objectifs juridiquement contraignants pour enrayer le changement climatique et la perte de biodiversité. Le gouvernement avait déjà fixé l’objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici à 2050.

 

Ce plan comprend plusieurs mesures majeures. 270 millions de livres sterling seront investis dans la technologie pour augmenter la productivité et la rentabilité des exploitations. Et 50 % des dépenses alimentaires du secteur public seront allouées à des aliments produits localement. La construction de serres pour la culture de fruits et légumes sur le territoire national sera facilitée. 10 000 visas de travailleurs saisonniers supplémentaires seront ouverts cette année et principalement pour le secteur de la volaille. Le nombre de visas passera donc de 30 000 à 40 000.

 

Minette Batters, présidente du principal syndicat agricole, NFU, a salué ce plan et souligné que c’est une étape importante. « Le gouvernement reconnaît l’importance de la production alimentaire nationale, du maintien de notre capacité à produire, en particulier à un moment où la guerre en Ukraine a attiré l’attention sur la fragilité de notre sécurité alimentaire mondiale. » Elle attend maintenant une déclinaison concrète de cette stratégie qui devra capitaliser sur la réglementation en vigueur en matière de bien-être animal et de protection de l’environnement.

Critiques sur la viande

Plusieurs associations ont critiqué le fait que la stratégie présentée ne formalise pas d’objectif précis de réduction de la consommation de viande dans le pays. Morten Toft Bech, fondateur de Meatless Farm, une entreprise qui produit des substituts végétaux, considère que le gouvernement britannique fait l’autruche et que la stratégie ne prend pas en compte les enjeux environnementaux.

 

« Nous devons de toute urgence changer un système alimentaire qui n’est plus adapté et émet une quantité disproportionnée de carbone, assure-t-il. Il faut diversifier nos sources de protéines et réduire notre consommation de viande, en particulier celle issue de l’élevage intensif. »

 

Nick Allen, PDG de l’association des industriels de la viande (British Meat Processors Association), a, de son côté, alerté sur la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur alimentaire. Il estime que « la politique d’immigration doit changer pour permettre aux industriels de trouver les travailleurs, mais que la proposition de visas saisonniers ne convient pas ».