« Un refus catégorique. » Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Agriculture, la Coordination rurale (CR) déplore le rejet de la rue de Varenne de débloquer une aide forfaitaire de 150 euros par tête pour la commercialisation de jeunes bovins et de broutards mâles sur les quatre premiers mois de l’année 2021.
Cette proposition avait été adressée le 30 novembre dernier au ministère. Le syndicat plaidait pour la mise en place de cette mesure qui avait permis, lors de son adoption par Stéphane Le Foll en 2016, « un rééquilibrage du marché et un redressement rapide des cotations dès 2017 ».
Le syndicat évincé de la rencontre avec les acteurs de la filière
En réponse au courrier de la CR, le ministre de l’Agriculture évoque notamment son intervention auprès des syndicats et opérateurs commerciaux (1) dans le Massif central le 16 octobre dernier. « Réunion à laquelle la Coordination rurale n’était pas conviée », font remarquer les cosignataires Bernard Lannes, le président et Alexandre Armel, responsable de la section de la viande.
Avant d’ajouter : « Permettez-nous en passant de vous rappeler que les représentants de la filière ne se cantonnent pas à quelques acteurs dits majoritaires, et que la Coordination rurale, qui représente 25 % des éleveurs, aurait souhaité vous soumettre ses propositions. »
Une « contre-proposition » attendue face à l’urgence
Par ailleurs, la feuille de route dite « de Lezoux » ressortie de cette rencontre est loin de satisfaire la CR. Les propositions listées par les différents acteurs présents ne répondent « en aucun cas à l’urgence de la situation vécue par les éleveurs bovins français », estime le syndicat.
De son côté, Bruno Dufayet, le président de la Fédération nationale bovine (FNB), déplorait l’absence « de propositions quant à la volonté collective des acteurs de la filière d’aller chercher de la valeur », faisant référence à la note de synthèse présentée par les groupes d’exportation au ministre en décembre dernier.
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Un discours de sourds
Dans sa lettre, la CR regrette « l’absence de contre-proposition » de la part du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. « Notre proposition ne vous convient pas, la feuille de route dite de « Lezoux » ne nous convient pas. Or il est urgent de trouver une solution dans l’intérêt des producteurs », rapportent Bernard Lannes et Alexandre Armel, les porte-parole du syndicat minoritaire.
« L’observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages indique en effet que la situation financière des élevages allaitants s’est très fortement dégradée durant l’hiver 2019. Leur revenu disponible connaît une baisse très importante et atteint à peine les 11 000 euros annuels. La solution d’une aide financière ciblée permettrait donc de sortir nos éleveurs de cette crise conjoncturelle », appuie la CR.
(1) Étaient présents : la Fédération nationale bovine, le berceau des races à viande du Massif central, les groupes coopératifs Deltagro, Eurofeder Bevimac et la Fédération française des commerçants en bestiaux.