Le flexitarisme, ce mot composé de l’association « flexible » et « végétarisme », désigne la réduction de la consommation de protéines animales et principalement de produits carnés. Pourtant derrière cette définition simple, « quasi diététique », se cachent de nombreux enjeux : le lien entre politiques agricoles et alimentaires, les relations entre filières animales et végétales, mais aussi le changement climatique, la préservation de la biodiversité, la durabilité de notre économie.

 

Trouver un équilibre entre protéines animales et végétales

C’est donc en partant de ce constat et de ces questions que les experts du think-tank Agridées se sont intéressés au flexitarisme et aux opportunités qu’il peut représenter pour l’ensemble de la chaîne alimentaire. « Est ce qu’une assiette peut changer le monde ? Oui nous ne sommes persuadés, c’est un levier pour la transition alimentaire et agricole et le flexitarisme a son rôle à jouer », résume ainsi Yves Le Morvan, coauteur de la note « Flexitarisme : une opportunité pour la chaîne alimentaire ».

 

Pour les auteurs, ce mode de consommation, loin d’être un danger pour les filières agricoles, est source d’opportunité. Il s’agit, selon eux, de « rééquilibrer l’assiette » dans lesquelles on trouve deux fois plus de protéines animales que de protéines végétales. « Il faut redonner du plaisir dans la consommation de produits végétaux, pour les légumineuses en particulier », souligne Bernard Valluis, coauteur de la note d’Agridées.

Ne pas bannir l’élevage

« Le bon compromis est de ne pas exclure la viande, les produits carnés sont indispensables, notamment car ils apportent du fer et de la vitamine B12 », tempère-t-il. En effet, les auteurs n’appellent pas à bannir les produits carnés et les protéines animales en général.

 

Ils n’oublient d’ailleurs pas l’importance des productions animales. « Il ne faut pas oublier que l’élevage procure un certain nombre de services, il a un rôle considérable dans le développement de l’agriculture : il représente 37 % de son chiffre d’affaires », signale Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint de l’agriculture à l’Inrae et président de l’animal task force, un groupe de travail. « L’élevage, c’est 800 000 emplois, continue-t-il. Pour chaque emploi dans une ferme, c’est 1,25 emploi créé à côté, c’est le point de démarrage de l’activité économique des territoires. » Il évoque également les impacts positifs de l’élevage sur la biodiversité.

 

Le chercheur ne néglige pas non plus les critiques formulées envers l’élevage, notamment en ce concerne l’environnement et le bien-être. Il concède qu’il faut réduire les sources de douleurs et l’empreinte carbone des élevages. Les auteurs appellent ainsi à un mode d’élevage plus respectueux ; un élevage qui continue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à travailler sur le bien-être.

 

Les sept propositions d’Agridées

Le groupe de travail a ainsi formulé sept propositions pour faire du flexitarisme une opportunité pour l’ensemble des filières de la chaîne alimentaire :

  • Réserver le terme de « viande » aux produits issus de l’élevage ;
  • Protéger les désignations usuelles caractérisant les produits carnés ;
  • Lancer un étiquetage volontaire du bien-être animal ;
  • Créer une interprofession agricole et alimentaire transversale ;
  • Communiquer sur le plaisir de manger, avec une assiette équilibrée en protéines végétales et animales ;
  • Soutenir par la Pac (PSE) les démarches collectives de réduction d’émission de gaz à effet de serre par les ruminants ;
  • Affecter une partie du plan protéines au renforcement et à la structuration des filières des plantes (légumineuses oléoprotéagineuses…) à consommation humaine directe ou comme ingrédient.