Dans un communiqué de presse du 7 octobre 2020, la Confédération Paysanne annonce qu’elle va déposer plainte contre « Les Nouveaux Fermiers » pour délit de tromperie et pratiques commerciales trompeuses. Une action qui une double visée : « On va à la fois attaquer, mais aussi poser l’ambition d’avancer vers une protection du terme fermier » qui n’existe pas encore, explique Nicolas Girod, son porte-parole.

 

« On est dans la tromperie, c’est hyper déstabilisant »

« On veut mettre en lumière l’utilisation abusive du terme fermier, son détournement, au profit d’un modèle agro-industriel déconnecté des paysans », détaille Nicolas Girod qui concède s’être fait « remonter les bretelles » par les paysans.

 

Face aux hésitations du syndicat à se pourvoir en justice, les agriculteurs en colère les ont aidés à prendre leur décision. « Ils sont énervés par cette déformation de termes qui font vraiment sens pour nous et auxquels on est attaché. Il y a une réelle colère de l’utilisation de ces termes à des fins industrielle et anti-élevage », relate-t-il encore.

 

Il ajoute : « On passe un cap là, il s’agit de publicités pour des productions agricoles, alors que leurs produits sont issus de la production industrielle. Ils savent ce qu’ils font. Mais ce qui est dérangeant, est le fait qu’ils utilisent des termes qui font référence à une certaine réalité qui a du sens pour une partie des consommateurs, et qu’ils s’en servent pour faire résonner dans leurs têtes que la démarche des Nouveaux Fermiers est tout aussi valorisante et juste que ce que font les paysans. » Or, « c’est hyper déstabilisant », continue d’expliquer le porte-parole de la Confédération paysanne.

 

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Une volonté d'encadrer le terme « fermier »

Nicolas Girod n’est pas dupe. Il se dit conscient que la demande du syndicat aura du mal à aboutir. Car « c’est pour un peu plus limité juridiquement que les dénominations viande et steak, déjà encadrées par la loi », explique-t-il.

 

La Confédération Paysanne estime donc que leur dépôt de plainte n’a pas les mêmes chances que celui des interprofessions de la semaine dernière : « Il n’y a pas de règlementation ou de législation qui permet d’encadrer le terme fermier et de le soutenir. »

 

Mais il espère que cette action juridique ouvrira une porte vers l’encadrement de ce terme. Son souhait, « interpeler les élus, le ministre de l’Agriculture ou les législateurs pour leur dire qu’il ne faudrait pas que des attaques se multiplient, car on n’a pas la capacité de protéger ces termes par la règlementation. »