Dès la deuxième quinzaine de mars, faisant suite à l’annonce des mesures de confinement pour lutter contre le Covid-19, les viandes françaises ont profité d’une « chute drastique » de 34 % des importations de viande bovine, toutes origines confondues, alors que les exportations françaises ont progressé de 9 % dans le même temps.

 

« Avec moins d’importations, moins d’abattages, plus d’exportations, le disponible consommable en France a chuté de 12 % entre février et mars. L’essentiel de cette baisse concernerait la viande importée, sa part passant de 22 % en février à 17 % en mars », précise Philippe Chotteau, responsable du département de l’économie au sein de l’Institut de l’élevage (Idele), lors d’un webinaire le 11 juin 2020.

« Rebond » du prix des allaitantes

Dans ce contexte, « les prix des vaches, qui avaient chuté en début de confinement, ont repris très fortement », poursuit Philippe Chotteau. En semaine 23 [du 1er au 7 juin], les cours de la vache U et de la vache R affichaient respectivement 4,48 €/kg (+3 % sur par rapport à 2019) et 3,92 €/kg (+2 %). « Les prix des vaches laitières de réforme de type O et P sont en revanche à des niveaux moindres que l’an dernier, mais leur progression reste marquée sur les dernières semaines ».

 

Cette évolution des prix intervient malgré un net regain des disponibilités en vaches allaitantes. D’après les données de Normabev, entre le 1er mai le 7 juin 2020, les abattages de vaches à viande ont progressé de 1 % en têtes et 3 % en tonnage par rapport à 2019. A contrario, sur la même période, les abattages de vaches laitières ont reculé de 3 % en têtes, et de 2 % en tonnage. « Globalement, le marché se porte bien pour les vaches à viande, et se redresse en laitières », résume Philippe Chotteau.

Toujours des « surstocks » de jeunes bovins

Du côté des jeunes bovins, le marché reste lourd. « Plus on progresse dans les conformations, plus le recul des prix d’une année sur l’autre est important. » En semaine 23, le cours des jeunes bovins laitiers de type O affichait 3,35 €/kg-équivalent carcasse (kgec), soit un recul de 1 % sur un an. À 3,68 € et 3,84 €/kgec, les cotations des jeunes bovins R et U se replient respectivement de 2 % et 3 % par rapport à 2019. Le tout, dans un contexte de nette baisse des disponibilités, en races laitières comme allaitantes.

 

En France, entre le 1er et le 7 juin, « le surstock évalué de jeunes bovins en ferme s’établit à 16 400 têtes par rapport à ce qui aurait dû être abattu ». En cela correspond en moyenne à 1,3 semaine de retard d’abattage. « En Région Auvergne-Rhône-Alpes, on atteint presque deux semaines de retard d’abattages », précise Philippe Chotteau.

Des envois de vif au ralenti

S’agissant des broutards, sur les trois premiers mois de l’année, « les exportations de mâles vers l’Italie se sont très bien déroulées (+3,1 %/2019) », note le Philippe Chotteau. Un net recul (–2,5 %) est toutefois constaté en femelles. Vers l’Espagne, en revanche, les envois de broutards mâles et femelles ont reculé respectivement de 17,2 % et 11,5 %, « alors même que les envois de veaux nourrissons ont bondi ».

 

Vers les pays tiers, une forte chute des exportations de bovins maigre est à déplorer sur les quatre premiers mois de l’année, notamment vers l’Algérie (–46 %), la Tunisie (–44 %) et le Maroc (–32 %). Selon l’Idele, la difficulté principale se concentre sur l’Algérie, en raison de la limite de poids (450 kg) et d’âge (14 mois). « Un déconfinement très progressif a commencé en juin en Algérie, au Maroc et en Tunisie », note l’Institut.