La logistique est un point clé de la rentabilité des filières de la biomasse. Son optimisation n’est malheureusement pas toujours recherchée. C’est ce que relève ce 17 janvier 2017 le colloque « Optimiser les filières de la biomasse agricole » organisé dans les locaux de l’APCA à Paris. Le RMT Biomasse et Territoires (1) y présentait son étude sur l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement de la biomasse agricole. Il fait notamment de nombreuses recommandations faisant suite à la compilation de 49 retours d’expériences. Production en méthanisation, combustion et matériaux biosourcés à partir de coproduits agricoles et agro-industriels, de cultures énergétiques et fibreuses sont concernés.

Le transport pour 50 à 70 % du coût logistique

De l’observation des chaînes logistiques découle diverses recommandations du RMT sur l’optimisation de la récolte, du stockage ou encore sur les contrats. Les fiches sur les retours d’expérience et les recommandations seront prochainement disponibles sur le site du RMT Biomasse et Territoires. C’est le transport qui représente la plus grande marge de progression.

 

Selon Solène Dumont, chargée de mission pour la biomasse chez Trame, le transport représente 50 à 70 % du coût total d’un projet logistique. « Il faut donc chercher les matériels et modes de transport les plus adaptés, décrit-elle, cela en évaluant notamment les distances. Il faut aussi regarder les conditions d’accès et de manœuvre et favoriser les retours à plein ». « Les problèmes de desserte demeurent », précise-t-on dans la salle, « toutes les routes ne sont pas recensées ».

 

La problématique du transport est aussi au cœur du projet Cobiogaz en Bretagne. Le choix s’est porté sur le biométhane porté pour l’injecter dans le réseau à un endroit précis. « La distance moyenne au point d’injection est de 15 km, précise Mathieu Dufour, de Capinov. Le bilan pour le transport est meilleur par rapport à la méthanisation centralisée, mais la consommation électrique est supérieure pour comprimer le gaz. »

Optimiser la récolte

Si du côté de l’ONF, le bois destiné aux plaquettes est conditionné, stocké sur place et géolocalisé avec une application en ligne, de nouvelles solutions sont aussi expérimentées en grandes cultures. Il s’agit par exemple de la production de granulés aux champs avec la Premos 5000 de Krone. « Mais il y a quand même des soucis de débit, objecte-t-on dans la salle. Le matériel de densification n’est pas en adéquation avec la production. »

 

« De notre côté, nous récoltons la paille très rapidement derrière la moissonneuse, pour des questions de qualité de paille pour la méthanisation, décrit Florian Christ, agriculteur-méthaniseur en Alsace. L’objectif est de garder le carbone volatile pour le valoriser. » De nombreuses innovations sont en outre apparues autour de la collecte de la menue paille, relève le Cetim (Centre technique des industries mécaniques), comme « le récupérateur ou les systèmes de turbine avec remorque, et il y a aussi les systèmes de récupération au sol et de pressage à la parcelle. Le miscanthus peut lui aussi être récolté en un seul passage, comme avec le broyeur andaineur frontal de Kuhn ».

Nouveaux coproduits

Au-delà des innovations, plutôt disséminées sur le territoire, et des recommandations, le RMT a identifié des points de blocage. Il s’agit notamment de la mobilisation des nouveaux coproduits : menues pailles, sarments de vigne, rafles de maïs par exemple. Sur la dispersion des projets, le RMT suggère que les porteurs répondent aux appels à projets concernant l’énergie pour qu’ils puissent être identifiés et que les filières se structurent.

 

La création d’un groupe d’intérêt serait aussi une solution s’il regroupait les acteurs amont et aval. « De nouvelles questions sanitaires émergent », soulève dans la salle Arnaud Étienne, du Crédit agricole Nord-Pas-de-Calais. Dans la méthanisation, il faut par exemple nettoyer les camions et réaliser diverses interventions qui représentent des ruptures de charge. » L’étude sur l’optimisation de la logistique relative à la biomasse met à jour bien d’autres points de blocage. Mais les innovations ne répondent pas forcément aux blocages rencontrés.

(1) Réseau mixte technologique.

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