ÀIvoy-le-Pré, dans le Cher, la SCEA Maison Thou cultive 205 hectares et élève 400 brebis romanes. L’objectif d’Odile Brodin et de son fils Quentin, récemment installé, est clair : tirer parti de la complémentarité entre les cultures et l’élevage, pour être le plus autonomes possible.

Depuis 2011, ils cultivent de la féverole, en marge de la traditionnelle rotation blé, orge, colza. Elle a d’abord été distribuée aux brebis, puis progressivement à tout le troupeau. Les animaux apprécient. « La féverole est adaptée en fin de gestation. Les brebis n’ont pas les pis qui s’enflamment. Elle passe aussi très bien en lactation », souligne Odile.

Pour les agneaux, la légumineuse est distribuée entière, dès les quinze premiers jours. Au sevrage, de la paille de bonne qualité est disposée en libre-service, avec une ration composée de 60 % d’orge et 40 % de féverole. « Au début, les agneaux jouent avec les grains. Mais très vite, ils les mangent. Avec ce mélange, nous avons constaté moins de maladies nutritionnelles liées au tourteau, comme les acidoses ou les entérotoxémies », explique Odile, qui est également conseillère ovin à la chambre d’agriculture du Cher. Néanmoins, l’orge et la féverole contiennent beaucoup de phosphore. Pour éviter le déséquilibre avec le calcium et les risques de lithiases urinaires, aussi appelés gravelles, Quentin ajoute 20 à 30 g de carbonate de chaux par kilo de mélange, ainsi qu’un complément minéral vitaminé (CMV)

« Moins cher que l’aliment du commerce »

L’utilisation des aliments fermiers allonge la durée d’engraissement de dix jours environ, sans porter préjudice à la commercialisation. Après le sevrage entre 70 et 80 jours, les agneaux sont vendus à Pâques, à 130 jours en moyenne. La conformation est assez satisfaisante pour ces animaux en race pure – classés U à 18-20 % et R pour près de 80 % –, pour des carcasses de 20 à 21 kg.

Malgré cette plus longue finition, Odile et Quentin sont formels : « Le coût de la ration produite à la ferme reste moins élevé que celui d’un aliment du commerce. L’orge et la féverole, ainsi que les minéraux reviennent à environ 150 €/t. » Quentin souhaite accroître la taille du cheptel (passage de 250 brebis à 400 femelles), en partie pour valoriser davantage le mélange. Il a investi dans une fabrique d’aliments automatisée (35 000 €), afin de diminuer la pénibilité du travail et gagner du temps.

Implanter différentes espèces

L’introduction de la légumineuse dans l’assolement a également diminué la pression des adventices au champ. Forts de ce constat, Odile et Quentin implantent 8 ha de luzerne depuis quatre ans. « Nous l’avons fait d’abord pour allonger la rotation, mais aussi pour les moutons », commente Quentin. La luzerne est enrubannée pour faciliter la récolte et le stockage, et assurer un maximum de coupes. En cas de sécheresse, si les repousses sont insuffisantes, les moutons les pâturent. « Cela nous a bien dépannés cet automne, après l’épisode de sécheresse l’été dernier. Nous allons continuer d’étudier la possibilité d’implanter différentes espèces de protéagineux », conclut Odile.

Aude Richard

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