Livrer du lait de vache contenant des protéines bêta-caséines de type A2 afin de se rapprocher des qualités du lait maternel humain, c’est le défi que veut relever Ludovic Tourainne, éleveur à Brucheville, dans la Manche. Il a intégré ce critère dans la sélection de son troupeau, composé actuellement de 30 normandes et 50 prim’holsteins pour fournir 650 000 l de lait par an.

Car ce sujet est directement lié à la génétique, via les allèles A1 et A2 d’un gène qui code pour les deux types de bêta-caséine. Les individus hétérozygotes A1A2 donnent du lait composé des types A1 et A2, tandis que ceux homozygotes en fournissent mais uniquement composé de bêta-caséine A2.

Ainsi, pour Ludovic, sensibilisé à ce thème par sa coopérative Isigny-Ste-Mère, qui livre 40 000 tonnes de poudre de lait infantile par an, l’enjeu est d’augmenter la part de vaches homozygotes A2 dans son troupeau. Pour ce faire, il s’appuie sur l’augmentation de l’effectif de normandes, engagée depuis son entrée dans la collecte en appellation d’origine protégée (AOP) beurre et crème d’Isigny-Ste-Mère, il y a dix-huit mois.

Selon la coopérative Elva Novia, la race normande est composée de 60 % d’individus A2A2, contre environ 35 à 40 % en prim’holsteins. Par ailleurs, 75 % des taureaux normands d’insémination sont déjà A2A2. Les plus optimistes estiment que le passage à 100 % d’animaux A2A2 en race normande pourrait prendre quatre à cinq ans chez les éleveurs impliqués dans ce dossier.

Génotypage du troupeau

« Je souhaite dépasser 50 % de normandes dans le troupeau d’ici à l’année prochaine, détaille Ludovic. J’ai remarqué lors de mes achats d’embryons, six l’an dernier, ou de génisses de race normande, six cette année, que presque toute la génétique disponible est déjà A2A2. En revanche, c’est un peu plus compliqué pour les vaches amouillantes. J’en ai acquis six l’an dernier. Dans un même troupeau, j’ai d’abord sélectionné les individus que je jugeais prometteurs et j’ai ensuite conservé ceux qui étaient A2A2. »

L’éleveur surveille ce critère via les données de génotypage (1). Il a d’ailleurs entrepris de génotyper l’ensemble de son cheptel. Cet investissement lui servira bien au-delà de critères A1 ou A2. « Malgré tout, sur un sujet comme le lait A2, je pense qu’il faut avancer vite si nous voulons en récolter les fruits. »

Alexis Dufumier

 

(1) Il est possible de réaliser à l’étranger des tests de poils moins coûteux, uniquement ciblés sur la détection des variants A1 et A2.

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