L’Institut de l’élevage et Interbev section veaux présentaient, début décembre 2016, lors des Journées 3R à Paris, le plan d’action mis en place par la filière veaux de boucherie pour diminuer l’usage des antibiotiques. En effet, l’émergence et la diffusion de bactéries résistantes inquiète. Le ministère de l’Agriculture a lancé en 2012 le plan Ecoantibio 2017, avec pour objectif une réduction d’un quart de l’usage des antibiotiques chez les animaux. « La filière veaux de boucherie s’est pleinement inscrite dans ce plan, en mettant en œuvre un programme ambitieux, dans le but de connaître les pratiques et d’identifier les leviers d’actions efficaces », présente le rapport publié dans le recueil des 3R (1).

Enquêtes sur le terrain

En 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) réalisait une enquête nationale dans plus d’une centaine d’ateliers, afin de quantifier les médicaments employés et d’en cerner l’usage. Les données collectées seront bientôt disponibles. « Elles seront plus représentatives et plus précises que les seules données existantes, actuellement basées sur les ventes de médicaments », se félicitent les auteurs du rapport.

Simultanément, des prélèvements ont été réalisés dans les fèces d’une dizaine d’ateliers, en début et en fin d’engraissement, pour mesurer l’évolution du niveau d’antibiorésistance des veaux. « Cette étude démontre que la prévalence des résistances est plus élevée à l’entrée des veaux qu’à leur sortie », précise le rapport. L’étude se poursuit.

Pour trouver des alternatives, un programme est conduit à la station expérimentale du Rheu, en Ille-et-Vilaine. « Quatre essais ont été menés pour mesurer l’incidence sanitaire, zootechnique et économique de la substitution totale ou partielle des antibiotiques de démarrage par des substances alternatives (acide citrique, tryptophane, prébiotiques ou probiotiques, associés à un vaccin respiratoire intranasal) », explique le rapport. Pour l’heure, aucune n’a démontré son efficacité, les veaux de l’expérience ayant eu davantage de diarrhées et de sensibilité aux pathologies respiratoire.

Un des leviers d’action sur lequel planchent les professionnels de la filière est la conception de bâtiments les plus adaptés à un usage raisonné des antibiotiques. « La filière participe aussi à un plan de recherche européen visant à identifier les facteurs freinant ou favorisant la diffusion de la résistance bactérienne, poursuit le rapport. Le développement de nouvelles technologies pour faciliter le suivi sanitaire individuel, la mise en place d’une veille sur les méthodes alternatives aux antibiotiques, et la recherche de synergie avec la filière laitière pour renforcer la qualité des veaux nourrissons sont également des projets au stade de la réflexion. »

(1) Par Magdéléna Chanteperdrix et Christophe Martineau, Institut de l’élevage, et Marianne Orlianges, Interveaux.

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