À Strasbourg, Lyon, Grenoble…, le foie gras est banni des réceptions officielles de ces municipalités écologistes et on ne le savait pas… Des interdictions brandies au nom du bien-être animal qui ont été fortement médiatisées à la suite d’une récente enquête de l’organisation antispéciste Peta mais qui ne sont pas nouvelles (1). À quelques semaines de Noël, en jetant l’opprobre sur un des fleurons de notre gastronomie, ces maires ont visiblement sous-estimé l’attachement des Français à ce patrimoine, l’émotion négative qu’elle a suscitée et la riposte, qui ne s’est pas fait attendre du côté des organisations agricoles, Cifog en tête (interprofession du foie gras) mais aussi de la société civile.

« Madame le Maire de Strasbourg, comment avez-vous pu, si ce n’est pour vous offrir un coup de communication, insulter nos agriculteurs, nos producteurs en décidant unilatéralement de supprimer le foie gras des cocktails de la ville ? », s’interroge un patron d’agence de communication sur LinkedIn. Quatorze associations de chefs cuisiniers, et non des moindres, se sont rebiffées samedi dernier contre cet oukase, en signant un manifeste de soutien à la filière foie gras, mettant en avant qu’il est reconnu « patrimoine culturel et gastronomique protégé en France depuis 2006 », invitant les maires à reconsidérer leur position, et à venir constater la qualité des modes de production dans les élevages français.

Le maire de Lyon qui, dans une interview début décembre, avait indiqué souhaiter que son initiative soit « suivie dans les restaurants », a tenté par la suite un rétropédalage dans une tribune au JDD sur l’air du « vous m’avez mal compris ». Mais celui-ci ayant déjà des antécédents de stigmatisation de la viande, en l’ayant interdite temporairement dans les cantines scolaires, ses véritables intentions font peu de doutes…

On aurait tort de prendre à la légère cet énième épisode de dénigrement. Les détracteurs du foie gras reviendront à la charge et ses défenseurs doivent fourbir les arguments scientifiques sur le gavage et mieux les faire connaître du grand public. En 2004, l’Inra avait diligenté une étude montrant que « la stéatose hépatique qui résulte du gavage est un processus d’engraissement naturel chez ces oiseaux qui ne provoque pas de stress ». Mais les opposants la réfutent. Cette pratique a régulièrement été l’objet de menaces d’interdiction. Pour l’instant, aucune n’a abouti en France mais seulement cinq pays l’autorisent encore dans l’UE. Un nouveau coup de pression s’annonce si un ersatz produit in vitro à partir de cellules de canards par la start-up Gourmey parvenait d’ici deux à trois ans sur le marché.

Dans l’immédiat, 75 % des Français ont prévu de consommer du foie gras pour les fêtes de fin d’année. Cette popularité inoxydable est sans doute un atout majeur face au gros temps qui est devant nous…

(1) La ville de Grenoble l’a interdit dès 2014, celles de Strasbourg et de Lyon l’ont fait en juillet et septembre 2020. C’est le focus orchestré par Peta qui a fait monter la mayonnaise médiatique…