L’élection présidentielle 2022 se tient dans une ambiance très particulière. Alors que le Covid a partiellement occulté les débats, le conflit en Ukraine accapare désormais une bonne partie de l’actualité. Si l’agriculture n’est d’une manière générale pas un sujet majeur dans une campagne présidentielle, la guerre déclenchée par la Russie a mis cette année le secteur agricole sur le devant de la scène. La souveraineté alimentaire et la crainte d’une hausse du prix des aliments, mais aussi le risque d’émeutes de la faim, ont en effet été commentées par la plupart des candidats, notamment ceux qui se sont rendus au Salon de l’agriculture.
Beaucoup estiment avoir un avis sur l’agriculture à leur transmettre. Au-delà des organisations ou des syndicats agricoles généralistes, voire des structures représentantes de la ruralité, les propositions sectorielles ont fusé que ce soit pour la viande bovine ou porcine, la volaille, les fruits et légumes, voire le chanvre… Rien de plus normal que de défendre son domaine d’activité et de faire passer ses revendications. Mais les anti-phytos de synthèse, les anti-élevage ou les associations environnementales jugent aussi avoir leur mot à dire sur l’agriculture, avec parfois à la clé un classement des candidats ou un sondage pour appuyer leurs positions. Un moyen aussi de défendre son fonds de commerce. Et si la coprésidente du Parti animaliste a échoué à obtenir les cinq cents signatures nécessaires pour se présenter, son parti mise maintenant sur les législatives.
Tout cela influence-t-il les programmes agricoles des candidats ? On constate que leurs visions sur l’agriculture divergent parfois fortement. Tout dépend des thèmes : allocation des crédits de la Pac et répartition des aides, modèle d’agriculture « productive » ou « écologique », utilisation des pesticides, rythme de conversion à la bio, utilisation des nouvelles techniques de sélection végétale (NBT), échanges internationaux, formation des prix, foncier, installation… Sans oublier, dans le contexte actuel d’une crainte de pénurie sur les marchés mondiaux des grains, le choix entre la nécessité de produire plus pour nourrir les pays de la planète non autosuffisants, et donc de revoir la stratégie européenne De la ferme à la fourchette ou, au contraire, de ne pas y toucher. Le dossier de ce numéro vous éclairera sur les programmes agricoles des prétendants à la fonction suprême (voir page 42), même si un vote ne se détermine pas uniquement sur des mesures sectorielles. L’essentiel est cependant d’aller voter, car cela concerne votre avenir et celui de vos proches !