Le Salon de l’agriculture ferme ses portes ce dimanche. Pour cette édition des retrouvailles (lire page 16), les organisations professionnelles ont fourbi leurs armes de séduction massive avec un objectif : susciter des vocations et attirer vers les formations agricoles les exploitants et salariés de demain. Il y a urgence puisque, selon le dernier recensement agricole, plus d’un agriculteur sur deux est âgé de 50 ans ou plus. Il faut donc vendre du rêve.
Jusqu’en 2015, c’est l’image de la basse-cour enchantée de Martine à la ferme qui était mise en avant pour séduire les cadres citadins en quête d’une reconversion. Mais traction animale et désherbage manuel ont peu de chance d’attirer la jeune génération, dont les organisations professionnelles cherchent désespérément à flécher la future orientation vers l’agriculture. Pour capter l’attention de ceux qui ont toujours connu internet, les armes principales sont le jeu vidéo et le simulateur. Le succès planétaire du jeu Farming Simulator a mis en évidence l’appétence du jeune public pour la conduite virtuelle des machines agricoles. Dont acte. Dans les allées du salon, les professionnels se font animateurs d’un jour et tentent d’attirer enfants et adolescents vers les écrans et simulateurs de conduite, avec un certain succès. Comment, en effet, ne pas être séduit par ces cyber-fermes où l’unique travail se résume à conduire des engins rutilants, sans aléas climatiques, adventices résistantes, prédateurs ou épizooties. L’agronomie, la zootechnie et la gestion sont absentes et il ne faut pas longtemps pour comprendre qu’une absurde rotation coton - betterave sucrière est la clé du succès. Au milieu de ces émulateurs de Farming Simulator, les chambres d’agriculture peinent à séduire avec leur jeu de l’oie virtuel « Vis ma vie d’agriculteur », qui a le mauvais goût de proposer des incidents de parcours comme un orage avant la moisson.
Dans les allées du salon, les jeunes visiteurs sont nombreux à se rêver agriculteurs, au moins pour quelques jours. Ceux qui tenteront l’aventure avec ces simulateurs de conduite en tête vont tomber de très haut. Car l’agriculture française de 2022, ce n’est pas celle du film Interstellar, dans lequel l’agriculteur passe ses journées devant des écrans à commander à distance une flotte de robots des champs. Et surtout, le métier ne se résume pas à la conduite d’engins ultra-sophistiqués, dans lesquels la plupart des jeunes agriculteurs ne peuvent de toute façon pas investir. Car une fois installés, la seule solution pour prendre le volant du dernier tracteur à la mode sera de jouer à Farming Simulator.