Après une année 2022 qui a vu le rendement des pommes de terre de consommation reculer à 39,2 tonnes par hectare (–12 % par rapport à 2021), l'UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) a présenté les enjeux de la filière pour 2023 lors d'une conférence de presse le 10 janvier 2023. "Au-delà de prix rémunérateurs, on attend de pouvoir continuer à produire", a lancé Geoffroy d'Evry, président du syndicat. Et d'insister : "La France doit rester un pays de production de pommes de terre."
Retards sur l'irrigation
Pour garantir la place de la France comme premier exportateur mondial et troisième producteur européen, Geoffroy d'Evry demande un accès à l'eau sécurisé, notamment dans les Hauts-de-France. La première région productrice en France a pris "énormément de retard" sur l'irrigation. Le président de l'UNPT se dit inquiet de possibles restrictions à venir. "La culture de la pomme de terre, avec des niveaux de rentabilité économiquement viable ne pourra se faire sans une réelle gestion de l’eau dans les territoires, c’est notre priorité d’accélérer sur ces dossiers de résilience", estime le syndicat.
Le syndicat insiste aussi sur la nécessité de maintenir les moyens de production. "On ne veut pas être dans la même situation que la filière betteravière, c’est-à-dire qu'on ne retire pas de matière active sans solution alternative, développe le président de l'UNPT. Si on nous enlève ces moyens de produire, les agriculteurs vont faire d'autres cultures moins contraignantes que la pomme de terre."
Inciter les producteurs à poursuivre la culture de la pomme de terre, passe aussi, selon Geoffroy d'Evry, par le soutien massif des prix de contrat sur la campagne de 2022-2023, en vue de rendre la production attractive par rapport à d'autres cultures. Il se félicite ainsi de la revalorisation des prix fixés par les industriels, même si "ça ne suffit pas" dans ce contexte.
Explosion des coûts de production
L'UNPT appelle à la "prudence" sur la poursuite du développement des surfaces nationales en 2023. La filière fait en effet face à l'explosion des coûts de production (gazole, engrais, phytos), de l'ordre de 25 à 30 % en fonction des débouchés par rapport à 2021. Sans compter la très forte hausse des coûts énergétiques de stockage (80 % de la production de pomme de terre de consommation sont stockés) avec une progression moyenne de 500 % des prix de l'électricité dans les contrats proposés pour 2023 (au-dessus d'une puissance de 36 kVa).
"La hausse historique de nos coûts de production à l’hectare, corrélée à cette baisse de rendement inédite, fait figure de double peine et impacte la trésorerie de nos exploitations", déplore l'UNPT. Le syndicat demande donc aux pouvoirs publics de soutenir "la trésorerie des exploitations les plus fragilisées par la casse climatique subie en 2022, par le biais notamment du PGE Ukraine et l'accompagnement du réseau bancaire".
Extension du bouclier tarifaire
Concernant les coûts énergétiques (la consommation annuelle électrique pour la conservation des pommes de terre est chiffrée à 300 GWh), l'UNPT demande "l'extension du bouclier tarifaire pour toutes les exploitations agricoles raccordées à des puissances supérieures à 36 kVa". Les prix de contrats pour les puissances au-dessus de 36 kVa évoluent en effet entre 2021-2022 et les propositions 2023 de près de 500 %.
"Pour un stockeur en groupe froid (relié à une puissance supérieure à 36 kVa), c’est, en moyenne, un coût de stockage à la tonne qui passerait de 9 à 42 €/t avec des relevés sur certaines propositions de contrats passant de 8 à 70 €/t", chiffre l'UNPT. Selon elle, "l’amortisseur" du gouvernement ne prendrait en charge que 20 % de la facture", ce qui est insuffisant et risque de diminuer l’attractivité de la pomme de terre comparativement à d’autres cultures pour lesquelles cette dimension coût de stockage est moins importante, voire absente.
(1) Le kVa (kilovoltampère) mesure la puissance électrique apparente, soit la valeur maximale que peut supporter votre compteur.