Dans un contexte de forte demande et de faibles rendements en 2022, les surfaces de pommes de terre d'industrie devraient progresser en 2023 en France, alors qu'en Belgique et aux Pays-Bas, elles sont déjà saturées. Les contrats ont été revalorisés par les industriels pour la campagne de 2023-2024 afin de continuer à amortir la progression des coûts de production et de rémunérer le risque pris de faire des pommes de terre par rapport à d'autres cultures.
Par exemple, pour la variété Fontane, les prix tournent actuellement autour de 170 €/t base récolte. "Les industriels sont clairement à l'offensive pour sécuriser leurs approvisionnements en 2023-2024", note l'UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre). Et de chiffrer qu'à l'horizon de deux ans, "on aura besoin de 1,8 million de tonnes de pommes de terre industrielles en plus au niveau européen".
Fort export en frais
Les prix sur le marché libre pour les pommes de terre de consommation sont aussi très au-dessus de d'habitude. Ils atteignaient 360 €/t pour la variété Agata (big-bag, calibre 40 mm+) au 27 décembre 2022. "Les exports français progressent fortement et tirent le marché du frais", explique Geoffroy d'Evry, président de l'UNPT. C'est l'une des conséquences des très faibles récoltes dans les pays de l'Europe du Sud, très demandeurs de pommes de terre françaises.
Malgré ces bons niveaux sur le marché libre, les cartes devraient être rebattues entre les différents débouchés : certains producteurs devraient faire moins de frais et davantage de pommes de terre d'industrie, grâce aux prix de contrats attractifs. Les producteurs de plants, confrontés à de multiples contraintes, pourraient eux aussi se tourner vers l'industrie. Tout comme ceux qui cultivent de la fécule, filière en crise actuellement. À condition d'avoir les parcelles qui le permettent.
Il reste cependant des interrogations sur le bouclier tarifaire énergétique pour le stockage et sur le comportement des producteurs qui ont subi de grandes pertes suite aux problèmes climatiques.