L’ETA Briand Delamarre est située dans les Côtes-d’Armor, à Languenan, sur le bassin versant du Frémur dont une retenue alimente en eau les villes de Dinard et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Les principales problématiques, en matière de qualité de l’eau, concernent les désherbants maïs et le phosphore.

Un semoir monograine Kuhn de 9 rangs
Particulièrement sensibilisés, les entrepreneurs Alexandre Delamarre et Philippe Briand ont investi dans une roto-étrille de 12 m et une bineuse en 50 cm, pour offrir des alternatives mécaniques à leurs clients. Aujourd’hui, ils ont décidé d’aller plus loin en proposant le semis de maïs avec 50 cm d’écartement au lieu de 75 cm habituellement.

« L’objectif est de couvrir le rang plus rapidement afin de limiter les interventions mécaniques et chimiques sur le maïs », explique Alexandre. Avec Philippe, ils viennent de se doter d’un semoir monograine Kuhn de 9 rangs. « Il est ajustable avec des écartements de 37,5 à 80 cm », indique-t-il.

Gain de huit à dix jours sur le recouvrement
« Lors du semis, les graines vont être espacées sur le rang tous les 21 cm au lieu de 14 cm habituellement en 75 cm, et semées à 5 cm de profondeur », précise l’entrepreneur. « Plus l’écart entre les rangs est faible, plus vite il sera recouvert par les plantes. Sur un maïs semé à 50 cm, nous observons, en moyenne, un gain de huit à dix jours sur le recouvrement par rapport à un semis à 75 cm », confirme David Bouvier, conseiller en agronomie à la chambre d’agriculture de la Bretagne.

À l’avant du semoir, l’ETA Briand Delamarre a installé des dents derrière les roues du tracteur pour effacer le passage de ces dernières et éviter le tassement qui favorise le développement des mauvaises herbes. « Ensuite, nous un premier passage de roto-étrille à l’aveugle, cinq jours après le semis, ce qui détruit les adventices au stade filament et nivelle le sol. Puis, un deuxième passage est exécuté au stade 2-3 feuilles, selon le stade de l’herbier. En 100 % mécanique, il faut être vigilant sur les conditions météo au moment du semis. La fenêtre d’intervention peut être très courte.

Au printemps, je suis toute la journée avec la roto-étrille », révèle Alexandre. Sa largeur de travail affiche un bon débit de chantier (entre 5 et 6 ha/h). « La roto-étrille est un outil polyvalent avec de nombreux réglages possibles. Elle peut être employée jusqu’au stade 5-6 feuilles. Après, nous passons avec la bineuse. » Enfin, pour compléter son parc, l’ETA s’est également équipé d’un bec cueilleur 12 rangs en 50 cm pour la récolte du maïs grain.

« C’est un pari mais nous y croyons », assure Alexandre. L’an passé, sur les 470 ha réalisés avec la roto-étrillle, 100 ha ont été conduits en zéro phyto. « En mécanique, c’est une course contre la montre par rapport aux adventices. Si les fenêtres d’intervention sont trop courtes, il faut parfois avoir recours au chimique. L’objectif est de proposer un mixte entre le conventionnel et le bio. C’est le sens des orientations de la Pac. L’utilisation de moins de produits phyto et un meilleur rendement grâce à l’interrang réduit compenseront le surcoût du matériel. »
Isabelle Lejas